20 mars 2020 - Himalaya et Inde, Népal

La remuante capitale du Népal, une Mecque pour les trekkeurs ? Ce point de passage obligé vers les hautes vallées et les sommets du Népal est un sésame majeur, toujours un peu initiatique, le « last port of call » en tous cas sur le passeport idéal du marcheur. Cet article, rédigé il y a quelques temps déjà, est signé de notre ami Jean-Marc Porte, grand reporter, qui nous la narre avec le talent qu’on lui connaît.

Un havre bienveillant, trépidant, complexe, où nous ne faisons que passer, la plupart du temps. Un jour. Deux. Rarement plus. Mais pour chaque voyageur, l’empreinte de Kathmandu ne cesse d’illuminer nos mémoires de Népal. Un détour par la légende et un peu d’histoire ?

Retrouvez ici tous les treks au Népal.

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© David Ducoin

 

Découverte au 17e siècle par les Européens

Ouverte d’un coup d’épée par Swayambu, « celui qui est né de lui-même », le lac primordial qui occupait à la création la vaste vallée Newar a laissé place à la terre des hommes et aux collines. Royaumes et cités y prospèrent au dernier millénaire, forts d’une agriculture qui permet deux à trois récoltes par an, et des bénéfices des routes caravanières entre Inde et Tibet. Le premier Européen à atteindre cette oasis incroyablement fertile et plate (une rareté dans la chaîne himalayenne...) fut un père jésuite autrichien, au 17e siècle. Il sera le premier à chanter la splendeur de l’architecture et l’harmonie générale de la vallée.

Katmandou
© David Ducoin

1953. Avec l’ouverture de ses frontières, le minuscule royaume est devenu la clef d’entrée des expéditions vers les grands 8000. Le monde entier découvre et s’approprie les images des cohortes de porteurs sur les sentiers, les vallées, où, au-dessus des nuages, flottent les sommets. C’est dans ce Népal qu’Hergé installera aussi scrupuleusement que magnifiquement le décor de Tintin au Tibet. Stupa, chorten, yeux de Bouddha, temples, pagodes, porteurs, sentiers et ponts suspendus : tout est (déjà) là. Kathmandu se rapproche, vraiment. Fin des années 60. D’Amérique et d’Europe, une jeunesse en rupture « fait la route ». La KKK (Kaboul, Kathmandu, Kuta) est l’artère géographique de la liberté d’alors... À Kathmandu, la vague des hippies et du Flower Power s’installe dans Freak Street. Le point de convergence des routards de cette époque s’appelle Cristal Hôtel. Être baba, alors et dans le monde entier, c’est afficher un peu de Népal sur soi… Avec une petite décennie de décalage, tandis que le pays ne possède toujours quasiment aucune infrastructure routière, l’aviation va faire décoller « l’âge d’or » du trekking et du tourisme au Népal. 

 

De l'himalayisme au tourisme

En 20 ans à peine, le tourisme va devenir la première ressource économique du pays. Et dans la vallée de Kathmandu, la porte de ce flux, les changements survenus au cours de ces 25 dernières années sont… absolus. La capitale s’est tout simplement extirpée du Moyen Âge. La densité de population (probablement plus d'1,5 million d’habitants dans la vallée), liée à l’exode rural puis à la guérilla maoïste, l’urbanisation, la montée en puissance de l’automobile ont fini par enserrer l’habitat dans un vaste conglomérat plus ou moins anarchique, où il est permis parfois de regretter « l’avant ». Le quartier touristique de Thamel, avec ses enfilades de centaines d’échoppes, de magasins et d’agences de voyages en est (pour certains) un exemple. Reste que : comme indifférente à des générations de beatniks, d’ethnologues, de touristes, d’ONG diverses et variées, à la guerre civile comme aux tremblements de terre, la ville continue de se démener entre pauvreté et magie dans un Babel de castes, de Newars, de Népalais, d’Indiens, de Tibétains, de Sherpas…  

L’énergie de ces lieux les plus célèbres reste intacte. C'est un bonheur d’y revenir, à chaque voyage. La ville est trépidante ? Polluée ? Les embouteillages cauchemardesques ? Marchez. Louez un vélo. Prenez un taxi. Sautez dans un bus. Essayez. Kathmandu demeure une possible invention perpétuelle du « soi » pour tous ses visiteurs. 

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© David Ducoin


Et aujourdhui, si vous étiez... à Kathmandu

Vous seriez vite totalement perdu, avec de la poussière dans les yeux, probablement à pied et à la tombée de la nuit, entre Thamel et Durbar Square. Mais vous auriez probablement déjà acheté un pantalon de trek en coton de couleur, un Tshirt aux yeux de Bouddha, ou un petit pot en verre de Baume du Tigre.

Si vous étiez un très grand himalayiste, de retour d’une très longue expé, vous auriez vos quartiers du côté de Thamel, dans un bout d’hôtel un peu délabré-isolé, comme le héros japonais d’un manga de Yumemakura Baku. La mousson serait de la partie, noyant la ville de son chant.

Si vous étiez un réfugié tibétain, pour échapper à la lourdeur du camp de transit, vous iriez dîner de quelques momos et prier dans une circumambulation sans fin autour du grand stupa de Bodnath.

Si vous étiez un riche commerçant indien, vous vous retrouveriez à la terrasse-bar d’un hôtel ultra-chic de 5 étoiles, à la nuit, très à l’abri du bruit et de la poussière. Ou au casino, penché sur la table de craps.

Si vous étiez un kitchen boy tout juste débarqué de son district de Shitwan ou du Rolpa, vous vous entasseriez du côté de Ring Road est, dans une piaule infâme, minuscule et enfumée, avec une quinzaine de compagnons de fortune-infortune.

Si vous n’aviez que votre sac à dos et quelques dollars, et une copine fauchée comme vous pour ce premier voyage, vous dormiriez dans une guesthouse pleine de routards du monde, au cœur de Bagthapur, pour une poignée de roupies, juste pour voir la place s’animer dans la pâleur de l’aube.

Si vous étiez correspondant de presse américain, vous auriez une grande maison de béton blanc, entourée d’un parc aux essences exotiques et de fils de fer barbelé, quelque part au-dessus de Lazimpat.

Si vous étiez un admirateur de Shiva, vous habiteriez sans doute vers la maison des sâdhus, du côté des ghâts de crémation de Pashupatinath.

Si vous étiez un Newari « middle class », vous auriez un jardin abracadabrant en quatre niveaux de terrasses, au 7e étage de l’immeuble pas droit du tout. Et votre ciel serait plein de coupoles-satellites et de saris éclatants en train de sécher au vent.

Si vous étiez consul de France, vous vous diriez, en regardant les grandes photos qui hantent les couloirs et les escaliers de l’ambassade, que de Maurice Herzog à Jean Christophe Lafaille, les liens entre l’hexagone et la très haute altitude se sont bien trop souvent écrits sur des drames et des disparitions.

Si vous aviez une voiture, et bien vous dormiriez dans votre minuscule Marutti, en espérant que demain matin, la file de plusieurs centaines de véhicules devant la station avance un peu.

Si vous étiez un Européen fortuné, et surtout extrêmement raffiné, votre rêve serait d’habiter un somptueux Bahal, dans un îlot miraculeusement retiré de Patan, isolé comme une calme oasis de sombres boiseries centenaires.

Si vous cherchiez enfin le calme, vous iriez probablement vers les collines de Nagarkoth, dans un minuscule hôtel en brique rouge. Avec un Nepali Tea brûlant, à l’aube, face à la vague immense de la chaîne himalayenne.

Si vous étiez un jeune étudiant aisé, vous profiteriez des marches de pierre et des fontaines du Garden Of Dreams pour consulter vos e-mails sur votre portable dernier cri, à l’ombre des façades Rana. 

Si vous aviez connu les (belles) années 70, vous gareriez votre Royal Enfield devant les murs de chaux blanche du Mike’s Breakfast, histoire de retrouver des amis expatriés de longue date originaires d’Australie, d’Autriche ou du Nouveau-Mexique.

Chacun de ces « moments » existe bel et bien, dispersé dans cette capitale absolument unique dans l’univers du trek ; une porte complexe, bluffante de vie et d’énergie, qui vous capture toujours dans ses mille visages. Que ce soit votre toute première fois, ou que Kathmandu finisse par devenir votre « ville adoptive », les lieux bruissent d’un souffle légendaire.

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© David Ducoin
 

Patan Museum, éloge d'un musée rare

Situé au cœur d’un site classé Word Heritage par l’Unesco, les deux étages du Patan Museum abritent l’un des plus beaux musées d’Asie. Une collection resserrée et lumineuse de quelques 200 pièces majeures de l’art népalais et de ses frontières proches (Inde, Tibet…), abritée dans les élégantes et étroites galeries du Keshav Narayan Chowk. Le musée, presque minimal dans ses prétentions extérieures, jouxte le Durbâr, un ensemble de temples et de places absolument unique. En fin de journée, les Newaris y profitent des derniers rayons du soleil qui tombent sur la « fenêtre d’or ». Avec la tombée du jour, la cité de Yala semble se retrouver toute entière pour le marché de nuit, entre les échoppes et le flux des hommes adossés aux silence des temples. Patan Museum ? Un tout petit endroit du monde. Qui contient bien des mondes.

Jean-Marc Porte.

 

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