04 octobre 2012 - Témoignages

Entretien avec Jacques Chatelet, fondateur de TAMERA

Après une quarantaine d'années passées dans l'univers du voyage à pied, Jacques Chatelet, fondateur de TAMERA, quittera l'agence au mois d'octobre avec des projets plein la tête, dans le domaine de l'art ethnique notamment. Au cours de cet entretien, Jacques revient sur sa passion du voyage.

 

- Bonjour Jacques, d'où t'est venue l'idée et l'envie de créer TAMERA ?
C'est un long chemin, au cours duquel je suis parti de la montagne pour arriver au désert. J'ai tout naturellement voulu faire partager avec d'autres personnes cette passion du Sahara et de l'Himalaya. Ensuite d'autres horizons se sont dressés et j'ai eu l'intuition de découvrir de nouvelles terres d'aventures. 

 

- D'où te vient cette passion pour le désert ? 
C'est une suite d'objectifs personnels que je m'étais fixé : la montagne, avec tout naturellement la découverte des Alpes, en passant par quelques sommets, puis l'Himalaya (1975) et dans le cheminement d'un trekkeur, découvrir le Hoggar. Je suis arrivé au bon moment, dans une période un peu Far West pour les organisateurs de voyages, où nous avons pu prendre notre place. De nombreuses découvertes m'ont permis ensuite d'acquérir une expérience. Plus de 104 voyages au Sahara qui m'ont aidé à me construire dans ce monde du vide. 

 

- Et aujourd'hui, pourquoi quittes-tu TAMERA ?
J'ai trouvé un équilibre entre mes rêves et la réalité. J'ai aimé passionnément ce métier et j'ai voulu donner un fabrication spécifique à cet univers qu'est Tamera. Eric (Bonnem) ayant repris Tamera il y a près de 8 mois désormais, il était normal et sain de tourner la page pour partir vers d'autres horizons et de nouvelles passions.

 

- Quels sont tes meilleurs souvenirs sur ces 18 dernières années ?
Les meilleurs sont nombreux ! Pour résumer, la première traversée de Tin Rerhoh en 1984, en Algérie, qui avait fait grand bruit à l'époque, les premières découvertes en 1989, en Libye, premier français en rentrer dans le sud depuis 1978, la chasse aux loups, dans le grand erg oriental, en 1995, l'une des premières traversée de l'Erg de Murzuk, d'Ouest en Est, en 1996, la mise en place d'itinéraires au Tchad, dans l'Ennedi en 1998, la traversée à pied du Djado, au Niger en 2001, et bien sûr les premières grandes caravanes sahariennes et asiatiques en 2002, 21000 km de traversée, 45 jours de marche, et 10 participants qui sont devenus des amis. D'autres reconnaissances suivront comme le Darfour, le Soudan, Merga et djebel Arkanu …

 

- Quels sont les voyages qui t'ont le plus marqué et pourquoi ?
Les grandes caravanes qui ont été une grande étape pour Tamera. Puis tous les voyages de reconnaissances, qui m'ont permis de comprendre le monde avec ses différences, ses difficultés. J'ai tout de même eu la chance de faire trois fois de la garde à vue en Libye (deux fois deux jours puis six jours !), les prisons libyennes sont étonnantes ! L'immense privilège d'une perdition entre le Soudan et la Libye, le découverte de Damas, Alep, Jérusalem, de Nuuk au Groenland, etc, etc.

 

- Qu'est-ce que tu aurais aimé faire avec TAMERA que tu n'as pas pu faire ?
J'aurais souhaité participer au tournage d'un documentaire car je pense que nous avions la possibilité d'apporter un savoir-faire complémentaire indispensable au bon résultat de sujets ethnographiques souvent trop vite filmés. 

 

- Et maintenant, quels sont tes projets ?
Je vais prolonger les voyages en faisant découvrir, au moyen d'objets contemporains, ces cultures du bout du monde et le sens qu'ils leur donnent !

 

Jacques, terminons notre entretien par ton portrait chinois :

 Si tu étais : 

- une couleur : jaune

- une saison : septembre

- un sport : alpinisme

- un artiste : Charlie Chaplin

- une ville : Florence ( Italie)

- un livre : Le petit traité des grandes vertus d' André Comte Spomville

- un film : Rencontre avec des hommes remarquables de Gourdjieff

- ton mot préféré : la passion

- le mot que tu détestes le plus : jamais