De la Patagonie à l'Altiplano par la légendaire route 40

Nous sommes accueillis à l’aéroport de Rio Gallegos par notre correspondant. Transfert en ville et installation à l’hôtel. Et pour entrer en Argentine on sacrifiera au légendaire bife de chorizo pour un premier repas. Un rapide tour en ville si nous avons assez de temps.

Nous filons dans la pampa atlantique pour rejoindre un petit cap qui s’avance dans l’océan et qui constitue l’extrémité sud de la route 40 et marque l’entrée du détroit de Magellan. Un phare témoigne de la présence de la terre. Les rivages accueillent des manchots, la terre est inhospitalière et pourtant l’élevage de moutons est florissant. Nandous et guanacos représentent la faune sauvage et nous les retrouverons tout au long de notre périple. Retour à Rio Gallegos par un itinéraire différent. Pour finir la journée, une visite facultative des musées locaux pour un bon aperçu de la géographie et de l’histoire des lieux (musée des Pionniers, musée des Malouines argentines, etc.)  

Route et voie ferrée se côtoient durant presque tout le parcours. Cette voie ferrée témoigne de l’activité d’extraction du charbon à Rio Turbio et fut construite pour le transporter jusqu’au port de Punta Loyola. En route, les sites de Bella Vista et El Zurdo valent la peine. Le reste de la pampa est symbolique de la monotonie et de l’inhospitalité patagoniennes.

La route continue parallèlement à la frontière chilienne mais cette fois-ci elle met résolument le cap au nord. La Cordillera Chica marque le début de la présence des Andes que nous longerons jusqu’à la fin du périple. Nous passons par le hameau de Cerrito puis à la Cuesta de Miguez à presque 900 mètres. Nous découvrons l’immensité du Lago Argentino. Nous arrivons alors à El Calafate, capitale touristique de la région. 

Aujourd’hui, nous nous adonnons pleinement au tourisme et comment ne pas résister à la magie et la puissance de ces lieux classés au patrimoine mondial. Visite du glacier Perito Moreno qui descend du Hielo Continental sud et s’avance dans le Lago Argentino avant de s’écrouler dans un fracas retentissant qui provoque de grosses vagues. Possibilité d’excursions à pied sur le glacier ou en bateau sur le lac (en option). Nous revenons dormir à notre hébergement. 

Nous reprenons la route 40 qui longe d’abord le lac Argentino puis s’approche du lac Viedma. Nous nous arrêtons pour admirer la vue sur les massifs de Torres del Paine au Chili et du Fitz Roy. Nous quittons notre fil conducteur pour gagner la bourgade de El Chalten, point de départ de nombreuses randonnées et d’ascensions, une sorte de petit Chamonix du bout du monde. 

Matinée pour découvrir les lieux en fonction de la météo : musée local, sortie à la Laguna del Desierto (objet d’un conflit frontalier datant de 1965 et qui dura une trentaine d’années), petite randonnée. Après le repas, nous regagnons la route 40 dont l’état laisse toujours  à désirer. Nous passons Gobernador Gregores et atteignons l’estancia La Angostura, rustique et authentique. Nous prenons connaissance de la vie de l’exploitation, nous visitons les installations.

La route nous amène au site archéologique de la Cueva de las Manos qui, avec ses peintures rupestres datant de - 1 300 à - 9 500 ans, est classé au patrimoine culturel de L’humanité. 

Après le petit détour au site de la Cueva de las Manos nous rejoignons la route et Bajo Caracoles, le village le plus perdu de la route 40. Nous partons plein ouest vers les montagnes. Nous ferons ce jour-là une infidélité majeure à la route 40 pour emprunter un itinéraire parallèle au pied de la cordillère. Nous gagnons le lac Posada au pied du mont San Lorenzo (3 700 m) qui étincelle de glace, puis nous longeons la chaîne, passons par le Paso Roballos, qui est frontalier avec le Chili et permet l’accès à la petite ville de Cochrane, et continuons toujours au pied des montagnes, plein nord, pour venir nous échouer sur les rives du lac Buenos aires qui, à quelques encablures de là, en devenant chilien se dénomme General Carrera. Nous sommes à Los Antiguos. De l’autre côté de la frontière c’est Chile Chico et son micro climat réputé. 

Nous quittons les rives du second plus grand lac d’Amérique du Sud (2 250 km²) après le lac Titicaca. Soixante kilomètres plus loin, nous rejoignons notre route 40 pour la plus longue étape de tout notre périple. On atteint Esquel qui est aussi une station de ski et est située en bordure du parc Los Alerces. C’est la plus grande ville que nous rencontrons depuis que nous avons quitté Rio Gallegos. Elle est reliée par avion à la capitale.

Survivance d’une époque révolue, nous commençons la journée par un petit parcours de deux heures et demie en train à vapeur « La Trochita » (lire :  Dernières Nouvelles du Sud de Luis Sepúlveda et Daniel Mordzinski). Puis nous continuons à travers le parc Los Alerces avec ses petits villages, ses rivières, ses lacs, pour finalement gagner El Bolson située au débouché de la vallée du Rio Quemquemtreu. On y cultive des fruits, du houblon, ce qui permet de produire des bières artisanales.

Petite matinée libre pour profiter des lieux et de la ville qui accueille une des foires les plus importantes de toute la Patagonie. Après le repas de midi nous reprenons la route pour San Carlos de Bariloche capitale de la Suisse argentine et posée au bord du lac Nahuel Huapi. Au bord du lac, au pied des montagnes entourées de forêts, la ville est une station touristique aussi bien estivale qu’hivernale. Et chocolat en prime !

Nous faisons une infidélité à la route 40 pour emprunter la route des sept lacs et traverser de beaux ensembles forestiers. Arrayanes et autres espèces endémiques agrémentes cette étape sylvestre et lacustre. Étape au bord du lac Lacar et aux portes du parc national Lanin.

Journée libre dans cette ville au pied de la cordillère des Andes et à la frontière chilienne. Les paysages sont magnifiques. Possibilité de balade sur la plage le long du lac Lacar ou d’excursion au Cerro Chapelco ou visite du musée des peuples premiers.

Parcours au cœur des Andes centrales avec des forêts, des lacs et des volcans d’où progressivement nous nous apprêtons à quitter la Patagonie pour une zone plus chaude et plus sèche. 

La route file au nord laissant la cordillère à l’ouest et une steppe sèche à l’est et suit le Rio Grande qui devient le Rio Colorado et dont le cours marque la séparation avec la Patagonie. Il se jette enfin dans l’océan Atlantique un peu au sud de Bahia Blanca. Nous pénétrons dans la province de Mendoza. 

Excursion à la cordillère dans la région de Las Leñas (Valle Hermoso). Lieu fort serein et réputé pour la pêche où nous trouvons un peu de fraîcheur.

Parcours à travers des zones désertiques, des salars, et des lacs de barrages qui forment un contraste saisissant avec l’ocre de la terre. Puis à Partir de Tunuyan, nous retrouvons de la vie et entrons au pays de la vigne tout en laissant les Andes, à l’est, prendre des dimensions imposantes pour atteindre les 6 000 mètres. Arrivée à Mendoza, quatrième ville d’Argentine, et fin de la route 40 sud. Un fameux asado avec un bon vin pour fêter la fin du voyage pour les uns et la fin du parcours sud pour ceux qui font la route 40 en intégralité.

Journée libre pour les uns à flâner dans Mendoza, manger une glace, se rendre au marché, s’asseoir sur un banc d’une des nombreuses places de la ville, faire les boutiques d’artisanat. Visite possible de cave à vin, nous sommes au cœur du vignoble.  Pour les autres, il faudra gagner l’aéroport pour la France via Buenos Aires ou Santiago. 

Excursion au pied de l’Aconcagua et au Christ Rédempteur.  Le sommet le plus haut du continent américain à presque 7 000 mètres d’altitude ne présente pas de difficulté technique particulière, c'est ce qui en fait son succès et attire les montagnards du monde entier. Bien que dominant Santiago du Chili, c'est une montagne entièrement argentine et lorsque l'on se trouve à son sommet, le regard porte vers l'est sur la pampa et la région de Mendoza, et vers l'ouest, si le ciel est suffisamment clair, vers l'océan Pacifique qui se trouve à moins de 150 kilomètres. L'arête nord-ouest constitue la voie normale d'ascension au sommet. Du fait de sa situation dans l'hémisphère sud, cet itinéraire est dépourvu de neige la plupart du temps. Dans le ciel, le condor est roi et ses planés majestueux  nous accompagnent. Puis retour à Mendoza.

Excursion : visite groupée et accompagnement hispanophone

Entorse majeure à la route 40, sur 200 kilomètres nous prenons un chemin parallèle plus au cœur de la nature. Nous sortons de Mendoza et gagnons Potrerillos et sa base de loisir sur le lac de barrage construit sur le cours du Rio Mendoza. Puis c’est Uspallata, un agréable petit bourg sur la route du Chili. Désormais nous partons pour les chemins de traverse pour croiser la route du grand San Martin (el Libertador) lors de sa traversée des Andes en 1817. Nous longeons des salars parfaitement plats où parfois on fait du char à voile. Puis voici Barreal où le temps semble s’être arrêté il y a un siècle.

Nous partons pour une région peu fréquentée par les touristes. Tout d’abord nous longeons la cordillère Ansilta puis les sierras de Pismanta, nous passons le barrage de Cuesta del Viento, nous découvrons des églises, nous traversons les petits bourgs de Rodeo, San José de Jáchal et bien d’autres avant d’aboutir à Villa Union oubliée au milieu de nulle part. À San José de Jáchal nous retrouvons notre route 40.

Journée de découverte des richesses archéologiques et paléontologiques du parc, encadrée par le personnel des lieux. Le parc est une des 11 réserves naturelles argentines classées au patrimoine mondial de l’humanité. La région est riche en sites classés à découvrir comme par exemple le parc d’Ischigualasto et la réserve de la Laguna Brava. S’il nous reste du temps et un peu de courage, nous pourrons nous rendre à cette dernière par la Quebrada del Peñon et la Laguna Mulas Muertas. Pour nous c’est le premier contact avec l’altitude (4 200 m) et les flamands roses qui peuplent la lagune.

Notre route passe d’abord par la Cuesta de Miranda puis le petit bourg de Chilecito où se trouvait la mine d’or « La Mexicana » qui fut en activité de 1906 à 1962 sur les flancs du Cerro Famatina. Et voici Londres, une des premières villes fondées sur le territoire argentin par les Espagnols. Nous arrivons à Belen, lieu de tissage de tapis.

Nous partons en direction de Cafayate et peu avant Hualfin nous obliquons au nord-ouest pour entrer dans les déserts du nord. Nous passons à proximité de la réserve naturelle de Laguna Blanca et nous atteignons El Peñon, maigre petit village à deux pas du Salar de Carachi Pampa et en fin de journée nous foulons le site magique de Piedra Pómez. 

Il nous faut revenir sur nos pas sur 200 kilomètres et enfin nous diriger vers Cafayate qui est la région viticole la plus au nord de l’Argentine. En chemin nous visitons les ruines de Quilmes, un village autochtone. 

Nous remontons le Rio Calchaqui, nous serpentons au travers de la Quebrada de las Flechas avec ses roches aux formes surprenantes et nous traversons quelques beaux villages aux églises majestueuses. Le ravissant petit bourg de Cachi nous attend pour une fin de journée paisible avec peut-être un bain à la piscine.

Nous remontons la vallée en longeant les flancs du volcan Nevado Cachi qui culmine à plus de 6 000 mètres. Pour nous,  le paysage est aride et agrémenté de cactus. Nous passons les villages de Poma et El Saladillo et franchissons le col Abra del Acay  à 4 895 mètres qui est le point le plus haut de la route 40.

Nous prenons la direction du Paso Sico à la frontière argentine et puis nous partons vers Tolar Grande et nous visitons Ojos de Mar et Las Coloradas, véritables curiosités géologiques, ainsi que le Salar de Pocitos. C’est une journée totalement en altitude sur l’Altiplano.

Nous continuons notre périple altiplanique et désertique ce qui ne nous empêche pas de rencontrer quelques Indiens aymara ou quechua et aussi, avec les premières tourbières, des alpacas, des vigognes et des lamas. Si le cœur nous en dit nous poussons jusqu’aux Salinas Grandes.

 Aujourd’hui est la journée la plus dure, la plus longue et la plus inhospitalière de notre périple. Et pourtant elle est forte de sens. Pendant  plus de 10 kilomètres nous « naviguons »  dans le lit du Rio Oro pour passer la Quebrada de Paicone. Nous visitons la vallée de la Lune. Nous passons à Poblados de Coranzuli le village le plus haut d’Argentine avec sa mine « La Mina Pirquitas ». Et Santa Catalina, bourg le plus au nord d’Argentine, nous étonne encore avec son église du XVIe.

À ces altitudes nous sommes souvent confrontés aux extrêmes et très curieusement après la journée la plus longue nous enchaînons avec la plus courte. Nous gagnons rapidement La Quiaca qui ne présente d’autre intérêt que l’animation due à son statut de ville frontière. L’intérêt se situe de l’autre côté en Bolivie ; aussi, nous traversons pour visiter Villazón et l’église de Yavi.

Nous parcourons toute la Quebrada de Humahuaca et faisons un détour en empruntant une route en corniche par le petit village de Iruya qui conserve son cachet et son authenticité avec ses rues pavées étroites, et ses maisons en adobe, pierre et paille. Soirée dans l’agréable petite ville de Humahuaca.

Nous terminons notre parcours de la partie basse de la Quebrada de Humahuaca et nous nous arrêtons au passage pour admirer la fameuse montagne aux sept couleurs à Purmamarca, nous visitons quelques villages et notamment la forteresse Pukará de Tilcara. Nous remarquons l’utilisation du cactus comme bois d’œuvre pour les charpentes ou la confection de portes et même de meubles. Le soir, petit tour dans Salta, la belle.

Trois heures avant le vol, départ de notre hôtel et transfert en véhicule privé de Salta à l’aéroport. Vol domestique Salta-Buenos Aires et connexion pour l’Europe.