22 septembre 2016 - Asie du sud-est et Pacifique, Indonésie, Témoignages, Peuples et fêtes

Sur un voyage particulièrement rare ou emblématique, nous vous livrons les paroles de nos clients, prises à chaud à leur retour de voyage. Elles sont spontanées et livrées telles qu’elles nous ont été transmises. Pour ce « paroles de participants », Muriel, Jean-Paul et Thierry, trois participants à ce voyage en terres chamanes chez les hommes-fleurs de Siberut ont accepté de nous en parler. Pour information, le nombre de participants fut de six pour ce cru 2016.


Au sujet de notre cycle en terres chamanes

Au cours de nos nombreux voyages dans des sociétés traditionnelles, nous avons rencontré des guérisseurs, médecins traditionnels et chamanes. Pierre Ramaut, psychanalyste belge, s’intéresse aux liens entre la transmission transgénérationnelle et le chamanisme. Notre collaboration de plus de dix ans dans les programmes « Marcher pour progresser » (prochain voyage en Iran au printemps prochain, cliquez ici pour en savoir plus) nous ont convaincus de lancer ensemble un cycle d’exploration du chamanisme mondial, à raison d’un voyage par an. Pierre accompagne ces voyages.

Après nos trois premiers périples réussis en terres amérindiennes en 2014, en Mongolie en 2015 puis chez les hommes-fleurs, nous partons en 2017 chez les chamans équatoriens, en Amazonie notamment. Ce voyage est également accompagné par Jean-Patrick Costa, un des spécialistes des peuples d’Amazonie et du chamanisme. Pour en savoir plus sur ce voyage cliquez-ici. Dans ce voyage, il s’agit essentiellement d’une découverte du chamanisme et, à aucun moment, il ne sera question d’un programme thérapeutique. Puis notre cycle continue en 2018 avec la Sibérie puis place à l’Afrique en 2019… À suivre donc.

 

Pour en savoir plus, en lien avec cet article  :

Voyage | Rencontres Chamaniques en Equateur 
Voyage | Rencontre avec les Hommes-fleurs de Siberut
Voyage | Rencontres chamaniques dans les régions Khövsgöl et de Terelj
Article de blog | Conférence avec Gerel, une chamane mongole
Article de blog | Paroles de participants au voyage en terres chamanes en Mongolie 
Article de blog | Terres chamanes en terres algonquines avec T8aminik et Pierre Ramaut
Article de blog | À la rencontre de Jean-Patrick COSTA, spécialiste des indiens d’Amazonie

CE QUI SUIT SONT LES RETRANSCRIPTIONS DE NOS ENTRETIENS

 

Introduction

Comment avez-vous connu Tamera ?

MURIEL : par mon mari qui a cherché sur le Net. Il y a quelques mois il m’a demandé : « s’il y avait un endroit sur la planète où tu aimerais te rendre, pour voyager, où irais-tu ? »  J’ai répondu : « quelle question ! Il y a tellement d’endroits sur la planète que je ne peux pas répondre comme ça. J’y ai réfléchi et en fait, ce n’est pas un endroit, c’est un peuple. Je voulais aller à la rencontre d’un peuple de préférence originel puis s’ils étaient chamans, ce serait la cerise sur le gâteau. Mais je ne voulais pas savoir où, la seule condition était que je ne voulais pas aller au froid ! ».

THIERRY : Cela fait bien longtemps que je les connais.

JEAN-PAUL : Par hasard, en me promenant dans le Vieux Lyon, je suis passé devant l’agence.  Puis je suis parti dans le premier voyage du cycle, en terres algonquines au Québec. Et j’y ai pris goût !

Qu’est ce qui vous a donné envie de partir sur ce programme spécifique ?

MURIEL : Pendant les Rencontres Secret Planet en mars dernier (cliquez-ici pour en savoir plus), alors que je ne savais encore où j'allais (c'était une surprise !) mon mari vient me chercher et me dit « viens, je vais te présenter notre guide Olivier ». Puis pendant notre discussion, Olivier a lâché « Mentawai ». Je le laisse terminer et après je dis « Merci Olivier maintenant je sais où je vais : chez les Mentawai ». J’étais juste aux anges parce que la destination ne pouvait pas être ailleurs, je l'avais pressenti, j'en étais convaincue. Et puis j’ai pu faire la connaissance des autres participants à ce voyage. Ma décision était prise.

THIERRY : J’ai toujours été intéressé par le chamanisme et depuis des dizaines d’années, par les chamans de Sibérie.

JEAN-PAUL : Ce qui m’attire le plus est le chamanisme.

 

Indonésie

Étiez-vous déjà parti(e) en Indonésie ? Quand et dans quelles conditions ?

MURIEL : Non jamais.

THIERRY : Oui, en individuel... et la première fois en 1972 !

JEAN-PAUL : Oui, il y a 7 ans à Bali. J’étais dans la recherche des traditions.

Comment avez-vous trouvé le pays et les Indonésiens ?

MURIEL : C’est un grand pays musulman, ce qui peut être stressant quand on voit l’actualité. Pourtant, quand on est là-bas, on ne rencontre que des gens d’une gentillesse, d’un accueil et d’un respect que l’on ne voit pas ici. Et faut se laisser porter et cela va tout seul. Il n’y a  pas d’obligations du moment. On est dans le respect mutuel, ça va vraiment tout seul. C’est fou. Nous sommes allés dans d’autres pays musulmans mais l’Indonésie est le pays que nous avons préféré.

THIERRY : Pour cette fois-ci nous étions sur une île donc c’est difficile d’évaluer les changements mais après 30-40 ans il y a eu une certaine urbanisation.

JEAN-PAUL : J’adore l’Asie.  Cette fois-ci, c’était un peu différent parce qu’en Indonésie, ils sont musulmans tandis qu’à Bali, ils sont hindouistes.

 

Chamanisme

Quelle était votre connaissance au préalable du chamanisme et des chamanes ?

MURIEL : Du Chamanisme pas grand chose. Je savais ce qu’il en était parce qu’il se trouve que j’avais lu, il y a 20 ans en arrière, le livre de Corinne Sombrun. Je ne pensais pas que Naraa que j’ai également rencontrée aux Rencontres était sa guide... Petit monde. Et puis les années ont passé et moi je suis plus dans le magnétisme pur, je fais partie des gens que l’on appelle les clairvoyants. J’utilise ça pour aider les autres parce que je suis chanteuse et j’utilise la voix pour travailler les « nœuds » qu’ont les gens. C’est assez particulier. Le chamanisme tel que le pratiquent les Hommes-Fleurs, ce n’est pas le chamanisme comme on peut l’observer en Mongolie ou en Amazonie. Ce n’est pas du tout le même style. Le chamanisme chez les Hommes-Fleurs, on peut être appelé mais on peut aussi décider de devenir chaman. Ils accueillent tout le monde, même si cela prend des années. C’est un long parcours initiatique.

THIERRY : J’ai vécu longtemps en Amérique du sud (Colombie, Équateur et Venezuela) donc j’ai vu beaucoup de chamans et puis j’ai fait une dizaine de séjours en Sibérie donc j’en ai vu principalement là-bas.

JEAN-PAUL : Je me suis toujours intéressé au chamanisme. Je me suis formé chez les amérindiens, je me suis formé au Pérou et j’ai vécu une grande initiation en Mongolie. Donc j’ai reçu deux initiations l’année dernière et une cette année.

Sur cette dimension du chamanisme, qu’étiez-vous venu(e) chercher ?

MURIEL : Pendant les trois jours de célébrations chamaniques là-bas, il s’est passé plein de choses... Je me retrouve en train d’hypnotiser une poule ou un cochon… ça je ne savais pas que je pouvais faire avant ! Olivier (Olivier Lelièvre qui a accompagné ce voyage) m’a d’ailleurs confirmé que je devrais continuer. Il connaît très bien l’hypnose, c’est son métier. Et puis surtout le dernier jour des célébrations, je suis bien « partie » moi aussi. Ils étaient deux à me tenir… Il se passe des choses. Quelques semaines auparavant, ils nous ont construits une « uma ». Une maison sur pilotis rien que pour nous, avec douche et des toilettes avec les matériaux de la jungle bien sûr. C’était un honneur. Ils sentaient que nous étions pour la plupart « connectés ».

THIERRY : Le fait de voir chasser les esprits.

JEAN-PAUL : D’abord un autre chamanisme et puis je cherchais à rencontrer des personnes proches de la nature, sans artifices.

Qu’y avez-vous trouvé ? appris ? retenu ?

MURIEL : Lâcher ses convictions, ses croyances. Moi qui suis un peu psychorigide et maniaque-propreté !... Il a fallu lâcher. Mais c’est en revenant que l’on se rend compte du changement. Mes enfants qui sont grands me l’ont confirmé. Ce n’est pas seulement chez moi, chez leur père aussi.
On a fait un tour de table avec Pierre (Pierre Ramaut, également accompagnateur du voyage) en arrivant, on s’est tous présentés pour que nos hôtes fassent connaissance avec le groupe et on a fait la même chose en partant. Le tour de table a bien dû durer deux heures. Deux d’entre nous, à la fin du voyage, disaient vouloir changer de métier. Qu’ils ne pouvaient plus continuer comme avant…  Ce sont des changements incroyablement profonds… alors que ce n’était qu’un voyage...

THIERRY : Le plus intéressant étant la cérémonie elle-même. Les préparations du lieu pendant plusieurs jours, les différents tabous, les fétiches de la maison, la danse elle-même avec les tambours, les chants…

JEAN-PAUL : Les danses. Je n’avais jamais vécu les danses qui peuvent mener à la transe donc c’était passionnant. Chez les amérindiens ou en Mongolie, c’est surtout le tambour mais ici, il y avait en plus les danses. Et j’ai eu la chance de pouvoir vivre ça.

 

Synthèse

Quelles sont les rencontres qui vous ont marquées au cours de ce voyage ?

MURIEL : il y a un élément essentiel qu’il est nécessaire de comprendre. Là-bas, il n’y a pas de miroir. Certes il n’y a pas de courant, pas de porte, pas de fenêtres, pas d’intimité… Vous ne pouvez être dans le paraître. Vous êtes dans l’être. À partir du moment où vous êtes dans l’être, vous ne trichez pas. Eux, ils savent exactement qui vous êtes. J’ai ce don de communication, de voyance et de clairvoyance… Donc je me suis tout de suite sentie chez moi. Je fonctionne comme ça moi aussi. Pour certains du groupe, c’était nouveau donc petit à petit, les masques sont tombés. C’est comme des pelures d’oignions que vous retirez. Il vous reste de meilleur, c’est-à-dire l’être. Et à partir de là, chacun est entré en contact. Alors qu’en temps normal, il y a des défauts chez l’un et l’autre qui vous auraient insupportés, là, tout état accueilli dans la douceur, dans la gentillesse, dans le respect et dans la compréhension de l’autre. Vous n’entrez plus côté négatif. Vous êtes dans l’accueil et l’aide. À tout moment, on discutait et communiquait les uns avec les autres. Cela a été très dur de se quitter. Il n’y avait pas de triche. Pas de rapport de domination. C’est vraiment dans un respect profond, on a vécu ça pendant deux semaines….

THIERRY : Les rencontres avec les quatre chamanes. À la fois très professionnelle en tant que chamane mas même en dehors de ces moments-là.

JEAN-PAUL : Les rencontres humaines avec les Mentawaï.

Pour vous, quels ont été les temps forts de ce voyage ? Une anecdote ?

MURIEL : Le temps fort pour moi était le partage de tout... Mais alors, ce qui est fascinant, quand on voit ce qu’ils mangent... c'est leur force musculaire incroyable. Un jour, un Mentawaï sort de son carquois une flèche et commence à défaire la pointe (parce que les pointes sont toutes couvertes de poison) pour ne pas qu’il y ait de risques et il propose aux membres de notre groupe de tendre l’arc pour viser à dix mètres un petit bosquet. Pas moyen de tendre ce fichu arc ! Tous nos gaillards y sont passés et il n’y en a pas un qui a réussi à le tendre ! Quand la flèche a réussi à partir, elle est tombée à 3 mètres… On étaient écroulées, nous les trois nanas. Et puis le Mentawaï prend sa flèche et puis « piouuuuuuu »  comme un bout de rien du tout, la flèche part carrément au dessus de la rivière et dans les bananiers. On s’est tous regardés hilares « et bien voilà ! ». 

THIERRY : Je n’avais jamais vu autant de tatouages…

JEAN-PAUL : Pour moi quand on voit les Mentawaï, on a l’impression de voir une force extraordinaire qui se dégage d’eux. Force physique également. Et à côté de ça, on a vécu des moments où tout le monde se mettait à pleurer parce qu’il y avait de l’émotion, parce qu’il y avait de l’amour, parce qu’il fallait se quitter. Donc cette palette extrême d’émotions, du plus fort au plus sensible, est ce qu’il me reste des Mentawaï.

Souhaitez vous ajouter quelque chose avant de se quitter ?

MURIEL : Nous étions une famille, une sacrée équipe, très soudés. Pour vous donner une petite idée de l’harmonie qui régnait. Quand il a fallu se quitter à l’aéroport, on avait tous les yeux rouges… Quand il a fallu quitter les Mentawaï et bien la femme avait les larmes aux yeux on s’est pris dans les bras, on s’est pris le visage dans les mains pour se regarder droit dans les yeux parce que je pleurais comme une madeleine. Elle me serrait fort. Les esprits des âmes qui se rencontrent. Il s’est passé quelque chose d’incroyable. C’était un cadeau de la vie.

THIERRY : Le groupe était très sympathique, très soudé. J’ai eu des bons compagnons de voyage avec des attentes différentes. Cela a très bien fonctionné

JEAN-PAUL : J’ai vécu une expérience extraordinaire dans le sens littéral du terme.