CINQ MOIS EN MONGOLIE AUPRÈS DES NOMADES

Carnet de voyage de Patrick - une aventure humaine aux confins de la Mongolie
Féru d'expéditions engagées, voyageur infatigable, Patrick a décidé de faire une pause en Mongolie de juin à octobre 2018. Son projet ? Passer cinq mois auprès de cinq familles nomades vivant dans cinq régions différentes et participer à l'ensemble des travaux des familles qui l'accueillent... Vivre intégralement leur vie pour mieux les comprendre. Du désert de Gobi à la vallée de l'Orkhon, de Tsagaan Nuur à l'Altaï, découvrez le témoignage unique de Patrick, à la fois carnet de voyage et aventure humaine.
Jeudi 7 juin : décollage pour Oulan-Bator !

Mois de juin dans le Gobi auprès de la famille " aux 1000 chameaux"
Après 11 heures de bus et plus de 650 km parcourus, Patrick rejoint Bayankhongor, capitale de l’aïmak (province) du même nom située au sud de la Mongolie.
Il lui faut encore 3 bonnes heures de route et plus de 300 km pour rejoindre sa première famille d’accueil, en plein milieu du désert de Gobi !
Premières découvertes et émerveillements devant les paysages lunaires et ocres du désert de Gobi. " Les voyages forment la jeunesse " nous rappelle notre jovial quinquagénaire !
Il nous dit : " Le désert de Gobi n’est pas qu’un désert de sable c’est aussi un désert minéral composé principalement d’herbes à chameaux. En fonction des pluies il y a de nombreux marécages où les animaux vivent en liberté totale."
Patrick a rejoint une famille qui vit de l’élevage et qui possède de nombreux chameaux. Il va partager leur quotidien pendant près d’un mois. Patrick : " La famille a une place importante dans l’élevage de chameaux. Elle en possède environ 1 300. La famille se compose de 5 enfants âgés de 24 à 30 ans. Trois d’entre eux vont reprendre la suite de leur père ".
C’est la saison de la tonte des chameaux et Patrick a vite été mis à contribution : " Pendant 12 jours, nous avons déménagé pour tondre les chameaux sous une chaleur terrible. Le déménagement d’une yourte se fait en 5 minutes chrono. Nous mettons tout dans une petite remorque et c'est parti. Seule la yourte reste.Tout le monde est habillé comme nous en hiver et couverts de la tête aux pieds pour se protéger du soleil. "
" Un chameau produit environ 5 kg de laine par an. Nous allons chercher les chameaux en moto pour les ramener. Nous en profitions également pour les soigner. Certains ont fait des kilomètres et nous devons aller les chercher en voiture pour les tondre. C’est un véritable sport ! Le soir c’est la traite des chamelles. Une chamelles donne environ 1,3 litres de lait par jour. Nous le mélangeons avec de l’eau et un peu de thé et nous avons notre boisson pour la journée. J’aide la famille pour la tonte des chameaux, aller chercher le bois, l’eau. J’apprends aux enfants le français et l’anglais et eux essayent de m’apprendre le mongol. " - Nous l’interrogerons à son retour !
Ma maison Mes amis
Mon meilleur ami
Patrick s'est intégré rapidement et en oublie la notion du temps. Petit à petit, il découvre les codes de la vie des nomades : " Paradoxalement, la vie paisible. Les paysages sont extraordinairement calmes. J’ai l’impression d’être hors du temps. Tout est sommaire. Comme si nous remontions le temps. Ils prennent toujours le temps de m’expliquer de m’encourager...et surtout ils sourient. J’ai l’impression que ce monde n’existe pas mais il est autour de moi. Pas de montres, pas d’heure, on vit au fil du temps. Le plus incroyable encore ,c’est l’hospitalité. Les gens viennent de partout ou de nulle part, seul ou à plusieurs. Ils s’arrêtent pour prendre un bol de lait de chamelles et repartent. C’est magique !
Le jour de mon arrivée ils ont tué un mouton et depuis, nous en mangeons à chaque repas. Ils mangent absolument tout, c’est impressionnant. À la fin ils ne restent que les os. La viande est bouillie et accompagne des pates ou du riz baignant dans du lait de chamelle. Il n'y a qu’un plat par repas. Dans les yourtes il y a des codes à respecter, les hommes, les femmes, les positions sociales. Ici c’est la richesse du cœur qui prime. C’est dans mon état d'esprit. Ils font tout pour me faire découvrir leur vie. C’est une belle immersion !



Montage et démontage d’une yourte dans le désert.
" Voici les 2 enfants dont je m’occupe. Ils essayent de m’apprendre des chansons mais ce n'est pas facile ! Sans même parler leur langue, nous arrivons à nous comprendre. Ils commencent à faire des phrases en anglais. Patrick étant trop difficile à prononcer ils m'ont surnommé "Pata". Mercredi 4 juillet, première vraie douche depuis mon arrivée. Le rêve ! Je n'arrête pas avec eux, c’est une super famille. "
" Une fois les chameaux tondus, nous nettoyons la laine avant qu’elle soit expédiée à Ulaanbaatar. Il faut enlever le sable, les morceaux de bois et la trier par qualité. Et dire que j’avais pris ma première douche la veille. Tout est à refaire ! On s’approche des festivités du Nadaam, la fête nationale mongole. Ils ont pris mes mesures pour me confectionner un costume. Lundi (9 juillet), nous fêtons le 25ème anniversaire de la fille de la famille et fêtons le Naadam. Pas de défilé militaire mais des concours de lutte, de chevaux, de tirs a l’arc…"
Du Gobi au lac Khövsgöl par la vallée de l’Orkhon
Les festivités du Naadam terminées il est l’heure de préparer le sac.
Après les dernières photos de famille et les dernières embrassades, Patrick quitte le désert de Gobi, le cœur lourd avec la promesse de revenir l’an prochain.
Avec son chauffeur, Patrick met le cap sur le nord et la région du Lac Khövsgöl, situé à quelques kilomètres seulement de la Sibérie. À mesure qu’il remonte la végétation se fait de plus en plus verte signe que les pluies sont plus fréquentent sur cette partie de Mongolie. L’immensité de la steppe est rompue parfois par de légers reliefs. Au milieu de ces vastes espaces, le blanc des yourtes nous rappelle l’importance du pastoralisme nomade en Mongolie.
Après de longues heures de routes, Patrick atteint les gorges de la vallée de l’Okron. Tout au long du chemin il rencontre toujours la même hospitalité. Il nous dit « Au grès de la route nous sommes arrêtés par des nomades pour boire du lait de jument fermenté, le fameux aïrag. Toujours un accueil très chaleureux. Ils veulent comprendre pourquoi je veux vivre dans les familles et partager leur quotidien. Les lieux sont magiques et difficilement descriptifs ! »
« Après un premier point de vue sur la rivière Okhron, longue de plus de 1 200 km, nous parcourons de grandes plaines vertes avant d’apercevoir les premiers arbres. En chemin, nous découvrons des tombes funéraires datant de l’âge de Bronze, ainsi qu’une très belle cascade. Les animaux tapissent les grandes prairies. Nous croisons beaucoup de yaks. Il n’y a pas de clôtures ce qui donne une sensation de grande liberté. C’est très reposant. »
« En chemin, nous découvrons Karakorum, ancienne de la Mongolie située à un peu plus de 350 km d’Oulan Bator, avant de rejoindre les cascades de la vallée de l’Orkhon hautes de plus de 20 mètres de haut. Elles sont appelées Ulaan Tsutgalan. Malgré la pluie beaucoup de mongols s’y retrouvent pendant ces 5 jours de vacances autour de la fête nationale.
Nous prenons un peu de hauteur pour rejoindre l’un des monastères les plus importants de la région, Tovkhon Khiid. Situé à près de 2 400 m d’altitude ce lieu de pèlerinage pour de nombreux mongols surplombe la vallée de l’Orkhon. Nous regagnons le monastère à cheval, l’occasion pour moi d’apprendre à monter un cheval. Il y a toujours plusieurs averses par jour. »
« Aujourd’hui, nous reprenons la route pour notre dernière étape pour rejoindre Mörön puis le nord de la Mongolie. Nous commençons la journée avec un bon yogourt à la place des pates et du mouton bouilli. Nous quittons Tsetserleg pour visiter les magnifiques gorges de Chuluut. Après une partie de pêche sans succès, nous reprenons la route. En route nous faisons l’ascension du Khorgo Uul, un volcan éteint il y a plus de 8 000 ans. Ici les paysages sont de moins en moins verts. Les animaux et les yourtes sont également moins nombreux. Le décor change. Le paysage prend des airs de Norvège et de fjords.
Même la couleur des chèvres change. Elles ne sont plus blanches comme dans le Gobi mais noires ou marrons. Ces dernières sont plus résistantes au froid. »

Mois de juillet en immersion chez le Tsaatan, et dans une famille de Tsagaan Nuur
" Nous arrivons à Mörön toujours sous la pluie. Mörön est la dernière ville avant de partir à cheval rejoindre les éleveurs de rennes Tsaatan. Nous terminons notre traversée sud/nord après plus de 1 400 km de piste en pleine nature. Les troupeaux et les nomades se raréfient car il y a peu de rivières. En revanche dès qu’il y a des troupeaux les animaux sont très nombreux. Ici la température est différente du Gobi, il fait plus froid. Mörön est situé à environ 1 200 m d’altitude. Il est vraiment impossible de vous décrire la beauté de ce pays, même une photo ne donne pas la sensation des immensités, du relief, de la quiétude de ces vastes étendues. Il faut le vivre au moins une fois pour comprendre. Je vous recommande de venir vivre une de ces aventures en Mongolie !
Pour moi le rendez-vous est déjà pris avec la famille qui m’a accueilli dans le Gobi. "
" Quelques heures de repos pour allez chez Toni, le coiffeur du coin, préparer mon sac pour aller à la rencontre des Tsaatans.
Depuis le début de mon voyage on m’appelle chiken parce que je ne suis pas aussi fort qu’eux. "
" Ces derniers jours, en plus de m’occuper des animaux, des enfants, j’ai eu un cours de cuisine pour faires des buzz (beignets de viande cuits a la vapeur) et des rochows (des beignets de viande frits). J’ai également eu droit à une leçon privée de cheval en prévision de mon long voyage pour rejoindre les Tsaatans. Le départ est prévu pour le 25 juillet. Je vais vivre plusieurs jours chez un chaman Tsaatan qui possède 120 rennes. En attendant je profite du décor magique du lac de Tsaagan Nuur. "
" Les Tsaatans élèvent des rennes, des chevaux et des bovins. Ma famille possède en fait 150 rennes. C’est le plus gros cheptel. Les Tsaatans organisent leur vie autour des rennes. Dès 5 heures du matin la traite commence. C’est quelques centilitres seulement de lait, mais il est très riche. La journée ils sont en liberté toute la journée. Ils restent toujours en groupe. Pendant ce temps il faut nettoyer leur enclos. Nous partons les chercher en fin de journée à cheval. En journée, nous faisons de la cuisine, du fromage, de la couture, nous pêchons en lançant des cailloux, nous fabriquons des objets en cornes de rennes qui seront revendus aux gens de passage. Nous travaillons les peaux pour les rendre le plus soupe possible. Elles serviront à fabriquer différents objets. Les Tsaatans déménagent tous les deux mois mais ne reviennent jamais au même endroit. Les bovins ne sont là que l’été car ils ne peuvent se nourrir l’hiver, contrairement aux rennes qui peuvent manger le lichen et gratter le sol pour trouver de la nourriture sous la neige.
Les repas sont simples. Ils se composent de pates avec de la viande séchée de rennes et bien sûr le thé au lait de rennes. Nous fabriquons le pain et le fromage quotidiennement. "
" Comme dans le désert de Gobi, il y a beaucoup de passages toute la journée et chaque fois nous offrons du thé, du pain et du fromage.
Les Tsaatans ont une vie difficile et vivent avec très peu, mais ils sont toujours accueillants.
Depuis 5 ans le gouvernement alloue une rente mensuelle et souhaite développer le tourisme ainsi que le nombre de rennes. C’est une vie très rustique. Les soins médicaux sont gratuits mais pour voir un médecin il faut faire quand même 70 km a cheval. La veille de mon départ, un enfant de 6 ans s’est cassé le bras. Nous avons fabriqué une atèle avec une écorce d’arbre et deux bouts de bois. Une vie étonnante, mais pleine de richesses. Des valeurs incomparables aux nôtres qui nous démontrent que nous pouvons très bien vivre loin de notre confort.
Depuis que je suis rentré de chez les tsaatans, j'ai réintégré ma famille près du lac et ai repris mes activités en particulier celle de m'occuper des bovins. Il fait très chaud et nous avons quelques averses. L'herbe est jaune. "
" Pour les enfants la première coupe de cheveux a lieu pour les filles à l'âge de deux ans et pour les garçons à trois ans. Soit on rase les cheveux soit on coupe les mèches. Ceci se passe lors de l'anniversaire de l'enfant. A cette occasion, une grande fête est organisée qui varie entre un et trois jours. L'enfant reçoit de multiples cadeaux. Les cheveux seront brûlés par la suite. On assiste à des tournois de lutte et c'est l'occasion de manger des plats mongols et des pâtisseries. La personne qui coupe en premier les cheveux doit etre née dans une année correspondant a l annee de naissance de l enfant. Il est que le calendrier est un peu different du notre. J ai pu assister a deux célébrations comme celle ci, la premiere chez les tsaatans, la seconde a Tsaranuur. "
" Dès 6 heures du matin, nous commençons la traite des vaches à la main, puis je m’occupe des veaux qu’il faut accompagner dans leurs pâtures. Après un petit déjeuner composé de thé au lait légèrement salé, il faut s’occuper du parc des moutons. Vers 10 heures tout est fini. Après je m’occupe des taches ménagères car ici il faut que tout soit propre. Vient ensuite les activités avec les enfants entre jeux et des promenades. Vers 17h30, il faut récupérer les veaux, les vaches puis faire de nouveau la traite. Vers 21 heures, on récupère les moutons et les chèvres. Les distances étant importantes, cela se fait avec une ou plusieurs motos. Nous avons plus de 300 moutons et chèvres.
La Mongolie est le premier producteur mondial de cachemire. "
" Après un long silence dû à l’isolement du campement Tsaatan où je suis resté plusieurs jours me voilà de retour dans ma nouvelle famille dans la région de Tsaagan Nuur près du lac.
Aujourd'hui, nous avons commencé les foins. Nous avons débuté par un pique-nique en forêt puis nous sommes rentré dans le vif du sujet. L’objectif est de trouver l’herbe qui ne mesure pas plus de 15 cm, un énorme challenge ! Car même s’il a beaucoup plus l’herbe ne pousse pas très vite. Nous avons bien sûr fini par trouver. Cinq débroussailleuses sont alors entrées en action. Ce qui est drôle c’est qu’ils suivent vraiment la hauteur de l’herbe ce qui fait naître des dessins particuliers dans les champs. Dès demain, nous ramasserons ce qui a été coupé. Je vous laisse calculer le nombre de mètres carrés qu’il faut faucher avec une herbe de 15 cm pour nourrir plus de 150 bovins ! Heureusement il y a de l’espace ici. "
" Mon séjour à Tsaagan Nuur touche à sa fin. Je rejoindrai bientôt la région de l’Altaï, région montagneuse située à l’ouest pour rejoindre une nouvelle famille. C’est une région où l’on chasse beaucoup avec des aigles. J’espère tomber dans une famille qui pourra m’initier. Début octobre, je vais assister à l’un des plus grands festivals de chasse à l’aigle dans la région d’Olgii. Savez vous qu’une jeune fille d’une quinzaine d’années a gagné ce concours où de nombreux kazaks participent. Un film a d’ailleurs été réalisé. "
Mois de août à octobre en immersion dans l’Altaï et festival des aigliers
" Ca y est, me voilà dans l’Altaï après avoir roulé pendant plus de trois heures sur des pistes très cassantes, franchit des cols a plus de 2 000 m. Nous arrivons sur de magnifiques plateaux peuplés de nombreuses yourtes et d’animaux : chèvres, moutons, bovins, chevaux. Les troupeaux sont parmi les plus importants que j’ai vu jusque là. Nous sommes chez les kazaks de Mongolie. Ils représentent environ 95 % de la population de la province de Bayan Olgii. Ils sont plutôt musulmans. Nous sommes qu’à 40 km de la frontière Russe. Ici, le décor est encore complètement différent, nous sommes entourés par des pics qui culminent à plus de 3 500 m d’altitude, avec des sommets enneigés. Il y a plus de vent. Il fait chaud la journée mais seulement 5 degrés la nuit. J’ai rencontré ma nouvelle famille. Ils possède environ 500 animaux dont 8 chameaux. "
" Premiers jours dans l’Altaï. Le vent est froid. Nous allons repartir pour faire les foins. Je commence a appendre des mots en kazaks car c’est langue la plus parlée ici, avec le russe. Il y a beaucoup de différences avec les Mongols. Les yourtes sont plus grandes, plus décorées. On ne rentre pas avec ses chaussures. Avant et après le repas on doit se laver les mains et faire une prière. Ils mettent une nappe en plastique parterre pour poser les plats. Les enfants viennent de partir chacun avec un troupeau. Ils ne reviendront qu’en fin de journée. Le plus étonnant c’est la taille des troupeaux qui paraissent petit alors qu’ils se composent de 300, 400 voire 500 têtes.
Pour transporter le foin on utilise un ancien camion militaire qui permet de traverser les rivières avec de l’eau jusqu’au porte. "
" Presque que tous les plats mongols sont à base de viande, riz ou pâtes, farine et pomme de terre. Pour les nomades, c’est un plat unique le sholtoi khool. Il se compose d’une soupe avec des morceaux de pâtes, de mouton bouilli et pommes de terre. De temps en temps, ils préparent des buzz ou des khuushuur. Les buzz sont des raviolis fourrés à la viande de mouton, assaisonnés et cuits à la vapeur. Les khuushuur sont des chaussons de moutons de bouillis et frits. Les repas sont servis dans des bols. Nous buvons le plus souvent du lait, qu’il soit de chamelles, de yaks, de vaches, de rennes, ....ou de thé mélangé avec du lait, du sel et éventuellement du beurre. Le matin c’est tartine de crème fraiche avec du sucre ou un fromage mi yogourt mi fromage blanc qu’ils appellent le tarek. En été, ils fabriquent beaucoup de fromage séché, l’aaruul, qu’ils conservent pour le manger l’hiver. Enfin à cette période ils boivent aussi le fameux lait de jument fermenté qui contient environ 3 % d’alcool et qui est une source de vitamine A, B et C. "
" Les enfants jouent sans véritables jouets, travaillent pour aider leurs parents dès l’âge de 3 ans en allant chercher l’eau a plusieurs kilomètres, ils sont sur des chevaux toute la journée et sont déjà très forts.
Aujourd’hui, nous faisons des beignets qui nous servent de pain. Je vous donne la recette secrète : farine, eau et un peu de levure. Et pour l’huile nous faisons fondre de la graisse de mouton. Pour les pates accompagneront le mouton bouilli nous les faisons avec seulement un peu de farine et de l’eau. Les enfants apprennent à compter de 1 à 10 en anglais et français. Ils sont très fiers lorsqu’ils y arrivent. Nous avons marqué les animaux qui vont être tondu prochainement : moutons et chèvres pour le cachemire. "
" Il fait de plus en plus froid et tout le monde commence à sortir leurs habits chauds. Comme il n’y a pas de bois nous ramassons les branches des arbustes qui sont mangés par les chèvres. Nous utilisons aussi les bouses de vaches séchées.
Les enfants préparent la rentrée des classes qui s’étale entre le 7 et le 11 septembre. Les élèves vont en cours soit le matin soit l’après-midi. L’anglais est enseigné dès les petites classes. Ma famille va déménager pour se rapprocher de l’école. La fille de 16 ans va partir à Oulan Bator pour faire des études de médecine. Un des enfants de 6 ans garde les agneaux toute la journée et cela tous les jours. C’est ma quatrième famille et je constate que suivant les régions, les us et coutumes sont très différents chez les nomades. C’est un gros retour dans le temps sans téléphones portables et sans ordinateurs. "
" Nous avons du déménager les animaux : moutons, chèvres, chevaux, bovins pour retrouver de la verdure Au total plus de 600 animaux étaient avec nous. Nous avons traversé de nombreuses rivières. Nous installons le camp et pour cela nous montons beaucoup de yourtes. Nous en sommes à la cinquième en 2 jours. Je suis le chouchou de la famille. Nous continuons a installer au mieux tous les animaux. En revanche, mauvaise nouvelle nous avons perdu un agneau surement lors de la traversée d’une rivière importante. "
" Nous sommes début septembre. Il a plu toute la nuit et la neige est proche, aux alentours de 2 100 mètres. Il fait froid et il y a beaucoup de vent. Une des trois familles va nous quitter pour habiter plus près des animaux. Les enfants vont rester chez leur grand-mère car ils seront plus près de l’école. Ici c’est elle qui commande, qui gère. Les enfants doivent lui obéir. Pour les repas, c’est un repas par jour, le soir et c’est bien sûr du mouton bouilli. Le reste de la journée c’est du thé salé avec des beignets.
Ils préparent la rentrée des classes. La grand-mère a acheté toutes les fournitures pour ses onze petits enfants. Aujourd’hui c’était donc la distribution des fournitures et des habits. Une bonne partie de rigolade ! Un vrai défilé de mode. Il fallait voir. "
" Ce matin encore le vent est glacial. Nous n’avons que 5°C dans la yourte ! Malgré tout les enfants sont en Tshirt… et moi avec bonnet, doudoune et collant. Il a encore neigé à 2 000 mètres. Comme il n’y a pas de chauffage dans la yourte, dès le réveil je file dans la yourte qui nous sert de cuisine pour me réchauffer autour du poêle et boire, comme toutes les deux heures mon thé au lait avec le beurre salé. Depuis trois mois c’est ma seule boisson quotidienne, on s’y habitue finalement. "
" Aujourd’hui, je rejoins ma nouvelle famille dans le nord ouest de la Mongolie. Dans cette famille il y quatre enfants dont trois qui sont partis à Oulan-Bator car ils ne souhaitent pas prendre la relève de leurs parents et devenir nomades. Le dernier de quinze ans n’a pas encore fait son choix. Nous sommes au milieu du désert et il n’y a que nous. La famille possède environ 600 moutons, chèvres, chevaux, vaches et chameaux. Ils s’interrogent beaucoup sur ce qui me motive à venir vivre avec eux car ils n’ont rien. "
" Ici il n’y a pas de bois alors une fois par semaine nous récupérons les bouses de vaches que l’on fait sécher pendant plus 30 jours et qui serviront de combustibles. Ils font d’énormes stocks pour l’hiver.
Idem pour ce qui est de la nourriture, pendant tout l’été ils fabriquent des bâtonnets de fromages qu’ils font sécher et qu’ils mangeront pendant tout l hiver. "
" Nous sommes maintenant mi-septembre et depuis deux jours il fait froid avec un vent glacial qui vient de Sibérie. Moins 5°C le matin dehors et 4°C dans la yourte au réveil. Pour se réchauffer nous aidons les nomades voisins dans leur migration. En ce qui concerne ma famille ce sera pour le 21 septembre. Les sommets de l’Altaï commencent à se couvrir de neige. C’est un plaisir immense et une belle sensation de liberté de siroter un the salé avec du lait en contemplant ce décor. Dans cette région ils rajoutent même des os de mouton. "
" Mais avant de déménager il nous faut résoudre un problème majeur de logistique. Le camion de la famille a brûlé il y a un mois. Compte tenu qu’il n y a pas d’assurance, pas de numéro vert pour le dépannage nous avons commandé des pièces via des nomades qui nous ont été livrées. Ce sera donc la priorité de la semaine car le déménagement approche à grands pas. Ce sont des camions russes qui passent partout. Il parait que pour la mécanique c’est hyper simple.
C’est amusant comme le temps change rapidement. Le froid sibérien a disparu et il fait maintenant 25°C. La maman tanne des peaux d’agneau qui serviront à faire des chaussures et des habits. Le papa, Shanty et moi, nous occupons du bétail. Comme dans les précédentes régions il y a beaucoup de passages. Enfin, nous voyons souvent les mêmes têtes qui reviennent pour partager un thé ou de la vodka. C’est incroyable les ravages que fait la vodka mais en boire fait parti intégrante des traditions. "
" C’est bon je suis prêt pour affronter le froid. La maman m’a confectionné une chapka en peau de renard. Ce sera idéal pour rejoindre ma dernière famille d’accueil début octobre. C’est une famille kazakhe qui devrait m’enseigner les bases de la chasse à l’aigle. "
" Le vent et la pluie sont revenus. Après la traite, une bonne pause pour se réchauffer et continuer les travaux sur le camion. Hier nous évoquions les problèmes dentaires que rencontrent la plupart des nomades. À 40 ans ils ont de gros problèmes dentaires liés principalement à la malnutrition. Le phénomène est accéléré par le fait qu’ils ne se lavent pas les dents. Ils souffrent énormément mais le plus souvent ils ne font rien car leurs revenus sont trop faibles et les dentistes ne sont pas nomades ! Peut être une voie à développer. La sécurité sociale et les mutuelles n’existent pas. "
" Actuellement nous vivons à quatre dans 10,71 m². Je vous présente le sac de vêtements de Sanchy, 15 ans. Il contient toutes ses affaires pour l’hiver où les températures atteignent les – 20°C, mais aussi celles pour l’été où les températures atteignent les 30°C. Les vêtements viennent de Chine et sont de très mauvaises qualités. Compte tenu qu’il n y a pas de magasins a proximité, il n’en achète pas souvent. Heureusement sa maman lui en fabrique en peau de mouton et en agneau. Pour les chaussures, une seule paire de botte. "
" Je vous propose une petite visite de notre chez nous. Le meuble de cuisine. Dans les tiroirs les bols dans l’un, les couverts dans l’autre. Je n ai pas encore trouve le robot ! ☺"
" Voici ce qui nous sert de poêle pour le chauffage mais il faut le réapprovisionner souvent. Il sert pour la cuisine. Efficace mais pas de four et un seul feu. "
" Voici notre baignoire. Nous nous lavons une fois toutes les 2 semaines avec 10 litres d’eau tiède par personne. Si le soleil est au rendez-vous nous l’installons dehors sinon c’est à l’intérieur. Cela sert aussi à laver le linge. "
" Le coin chambre avec nos matelas de 1 cm d’épaisseur que nous déplions chaque soir. Pour dormir nous avons des couettes pas très épaisses. L’hiver il peut faire entre – 45°C et – 55°C, mais peu de neige, maximum 50 cm. Ils vivent donc reclus dans les yourtes s’occupant de leurs feux mais se réchauffant aussi avec la vodka. Les animaux restent dans des étables faites de bric et de broc. La neige arrive début octobre et fond à la mi-mai. Les yourtes sont très bien isolées avec du feutre. "
" Visite d’une crèche dans un village. C'est l’heure de la sieste ! "
" Hier nous avons changé de camp avec nos 1000 animaux : chevaux, chameaux, chèvres, moutons, bovins. À la différence de la première fois je l’ai fait à cheval et non à pied. 37 km effectués en 8 heures de cheval. J’ai un bon mal de cuisses aujourd’hui. Moi qui n’était jamais monté à cheval ! "
" Les parois extérieures et le toit de la yourte sont recouverts de feutre. Le feutre est naturel. C’est de la laine de mouton mouillée, pressée et roulée plusieurs fois. En séchant la laine va durcir et se resserrer afin de faire un tapis compact mais souple. C’est écologique et très efficace contre le froid. "
" Aujourd’hui, j’ai quitté ma famille pour revenir à Olglii (1 700 m) sous un soleil radieux. Mon immersion dans le monde des aigles commence dans une nouvelle famille kazake cette fois. Demain je vais à la pêche pour changer un peu d’activité. Les gens sont toujours aussi simples, accueillants malgré leurs conditions de vie très difficiles. "
" Après plusieurs heures de piste, nous arrivons à 2 000 m d’altitude sur une plaine bordée de montagnes qui culminent à 3 000 m. Il fait mauvais. Je suis accueilli par ma famille d’aiglier. L’intérieur de la yourte est très rustique. Le couple a 4 enfants dont 3 habitent au Kazakhstan. L’ainé de 25 ans vit avec eux. Leurs gestes sont lents mais posés. Leurs visages portent les traces des nombreux efforts que cette vie leur demande. Ils paraissent tous plus vieux que leur âge. Ils possèdent une vingtaine de bovins dont 8 vaches, des chèvres et 2 aigles. Le mari est un spécialiste de la chasse à l’aigle.
Aussitôt arrivé, il a sortit tous ses habits et tout son équipement de chasse pour me le montrer. Un grand frisson ! "
" Mes trois dernières semaines se sont passées dans la montagnes à plus de 2 000 mètres d'altitude. Rapidement la neige est arrivée et il a commencé à faire froid. -15°C la nuit et le matin c'était très difficile car pas de chauffage. C'est une région habitée par les loups. Mon travail au quotidien était d'emmener paitre les moutons et les chevres le matin pendant 4 heures. Je gardais environ 300 moutons et 250 chèvres. L'après-midi je partais à cheval chasser des renards et lapins avec un aigle. Une experience formidable ! Lorsque l'aigle attrape un lapin sa recompense est de lui crever les deux yeux. Pour les renards c'est de lui manger la langue. Une vie tres diffcile mais passionnante. L'hiver les temperatures peuvent descendre jusqu'à -35°C. "
" Aujourd'hui, 26 octobre, retour à Oulan Bator pour quelques jours avant de prendre le Transmongol et le Transsibérien jusqu'à Irkousk pour voir le lac Baïkal. "