02 août 2018 - Birmanie, Peuples et fêtes, Asie du sud-est et Pacifique

En avril dernier, Jérôme est parti avec un petit groupe de voyageurs en reconnaissance à la découverte de tous les recoins actuellement accessibles dans l’État Kayah de Birmanie, aux confins avec la partie sud de l’État Shan et la partie nord de l’État Karen. L'un des buts du voyage était de découvrir plus en profondeur l'État Kayah avec 9 jours d'immersion, notamment à l’occasion de fêtes locales. Nous avons aussi initié un nouveau trek dans la région habitée par les Pa'o, au sud du lac Inlé, avant d'achever notre périple par une incursion dans le nord de l'État Karen, fraîchement accessible aux étrangers. Retour sur cette expérience qui nous a permis d’étoffer et améliorer nos programmes en Birmanie.

Nous avons pu assister à deux fêtes annuelles : le Kayan National Day et le Kayaw National Day, ainsi qu’à la préparation de deux autres fêtes, et avons arpenté plusieurs « grands marchés » qui ont lieu tous les cinq jours, à Dimawsoe, Pekhon, Sagar et Loikaw. Et nous avons aussi assisté à l’exubérance des célébrations de Thingyan, le nouvel an birman, avec aspersions d’eau pendant 4 jours. Nous avons rayonné « en étoile » vers toutes les régions accessibles, et en passant une à deux journées complètes chez chacun des peuples principaux (Kayan, Kayah et Kayaw) dans des villages assez éloignés. Nous avons aussi rencontré le peuple Lisu à l’est du lac de Sagar. Avant de rejoindre l’État Kayah, nous sommes partis en randonnée de Pinlaung vers Sagar, dans la partie méridionale du lac Inlé. Et nous avons quitté cette région directement par la route vers la plaine de Toungoo, avec petit détour pour découvrir la région de Thandaung Gyi au nord de l’État Karen.

 

Test d’un nouveau trek de Pinlaung vers la région de Sagar, au sud du lac Inlé
Nous avons atteint la bourgade montagnarde de Pinlaung directement par la route depuis Nay Pyi Daw, la nouvelle capitale surdimensionnée et surréaliste de Birmanie, avec une nuit en chemin près de sources d’eau chaude. Nous sommes partis en trek depuis la région de Pinlaung vers les rives du lac de Sagar, qui est le prolongement méridional du lac Inlé. Ce lac est né de la construction d'un barrage sur la rivière Bilu, qui s'échappe du lac Inlé, édifié par les japonais au titre des réparations de la Seconde Guerre Mondiale. Au cours du trek nous avons rencontré des montagnards Pa-O, peuple le plus nombreux à vivre dans les collines et montagnes qui entourent le lac Inlé. C’était un nouvel itinéraire, complètement nouveau, donc sans touristes, organisé avec l’aide de l’association Pa-O, avec qui nous organisons tous nos treks au sud et à l’est du lac Inlé, et notamment dans le programme Immersion ethnique et trek dans les montagnes des États Shan et Kayah.

 

Approche de villages Lisu depuis le monastère de Phayataung, à l’est du lac de Sagar
Au sud des pagodes de Sagar, nous avons atteint le monastère de Phayataung, financé par différents canaux d’ONG pour permettre à 1200 étudiants montagnards et des rives du lac de faire des études. De là nous nous sommes enfoncés en véhicule 4x4 dans les montagnes situées à l’est à la rencontre du peuple Lisu. Le costume des femmes est très coloré. Ce peuple tibéto-birman est très présent dans le bassin du fleuve Salouen, du Yunnan jusqu’au sud de l’État Shan. Nous allons donc les rencontrer lors de notre voyage De la Birmanie Centrale aux États Môn et Karen.

 

 

Fête du Kayan Nation Day à Moe Bye
Dans la bourgade de Moe Bye, à la frontière entre États Shan et Kayah, nous avons assisté aux festivités annuelles du Kayan Nation Day, regroupant les différents sous-groupes du peuple Kayan. Parmi eux il y a les Latha, les Geko, les Ka Ngan, mais aussi les fameux Kayan Lahwi, qui sont ceux dont les femmes ont été surnommées « femmes-girafes » par l’explorateur Vitold de Golish dans les années 1950. Nous y retournerons en avril 2019 en combinant également avec les autres fêtes.

Nous sommes surpris par la foule présente et la diversité des groupes Kayan. Nombreux de ceux qui sont partis travailler ailleurs en Birmanie ou à l’étranger reviennent pour l’occasion. Nous sommes ensuite allé rencontrer les femmes Kayan Lahwi dans le village de Panpet, dont plusieurs hameaux ont adhéré au projet éco-touristique dont les retombées profitent à la communauté.

 

 

Fête du Kayaw Nation Day à Hoya, avec nuit sur place, une première
Pour atteindre Htay Koe il faut 3 heures depuis Loikaw sur une belle route de montagne sinueuse. C’est une région très isolée, aux portes de l’État Karen, qui fut longtemps le fief de groupe rebelles et qui n’est ouverte aux étrangers que depuis deux ans. La région est habitée par le peuple Kayaw, appelé aussi Bwe, avec là aussi de très beaux costumes et bijoux portés par certaines femmes et des anneaux de laiton sous les genoux. 

Comme nous voulions assister aux festivités annuelles du Kayaw Nation Day à Hoya, qui se déroulent le soir et le matin, nous avons pu négocier de passer la nuit au village de Htay Koe, qui fait partie des programmes écotouristiques profitant aux communautés villageoises développés par une ONG. C’était la toute première fois que la communauté Kayaw a obtenu l’autorisation d’accueillir des étrangers pour passer la nuit, et nous le referons, c’est certain. En chemin nous avons assisté à une communion de masse suivie d’un festin. Les Kayaw sont de fervents catholiques. Le soir nous avons dansé sous le son lourd de cinq tambours de bronze. Un moment vraiment magique, dans un bel environnement montagnard et boisé. Nous y retournerons en avril 2019 en combinant également avec les autres fêtes.

 

Préparation de fête chez les Kayah sur la route de Dawthamagyi
Nous devions assister aussi à une fête annuelle chez le peuple Kayah, dont les femmes ont été surnommées « femmes-éléphants » par l’explorateur Vitold de Golish dans les années 1950, certainement car les femmes Kayah enroulaient traditionnellement des fils de coton laqué autour de leurs genoux. Ce qui est étonnant est qu’il reste encore des femmes qui en portent toute la journée. Mais les dates précises de ces fêtes sont assez changeantes et nous n’avons pas pu les voir. Nous avons seulement pu voir la préparation, avec érection de nouveaux mâts liés à leur culte animiste, qui précède un festin collectif et une procession musicale et dansante à travers le village. Le village de Dawthamagyi fait aussi partie des programmes écotouristiques profitant aux communautés villageoises développés par une ONG. Nous irons aussi à la rencontre de ces ethnies Kayah, Kayan et Kayaw avant d'aller participer au voyage Grande fête du lac Inlé et fête des Lumières, qui partira le 06 octobre 2018.

 

Approche du fleuve Salouen, en direction de la frontière thaie, avec découverte du monastère d’Ywathit
Profitant d’être là, et ayant pu en obtenir l’autorisation, nous sommes allés rejoindre le cours du fleuve Salouen à Hpa Saung, sur la route qui mène à la frontière thaïlandaise. En chemin, nous avons fait un détour pour aller vers Ywathit, village dominant la rive occidentale du fleuve, et avons ainsi découvert un magnifique monastère en bois ancien, fréquenté par de nombreux pèlerins en cette période de nouvel an bouddhiste Theravada. Le moine supérieur nous a confirmé qu’à la période coloniale anglaise des bateaux remontaient le fleuve Salouen de Moulmein jusque vers la région d’Ywathit, chose que nous espérons pouvoir également faire un jour.

 

Route directe de Loikaw vers le nord de l’État Karen, avec préparation d’une fête qui n’a pas eu lieu depuis 25 ans
Loikaw et l’État Kayah figuraient autrefois un peu comme un cul-de-sac, avec nécessité de revenir vers le nord pour en repartir. Mais il existe une route qui relie Loikaw directement à la ville de Toungoo, dans la plaine du fleuve Sittang, sur l’axe de Mandalay vers Yangon, dont l’accès est désormais autorisé aux étrangers. C’est une bien belle route de montagne, aux paysages variés, d’abord aux confins des trois États Kayah, Shan et Karen. Dans le premier village Karen, nous avons assisté aux préparatifs d’une fête, regroupant aussi des Kayaw et des Kayan des montagnes environnantes, qui n’avait pas pu avoir lieu depuis 25 ans à cause des conflits ethniques contre la junte birmane. C’est vraiment une agréable manière de quitter l’État Kayah. Nous l'avons inclus dans le cadre du programme De la Birmanie Centrale aux États Môn et Karen mais c'est aussi une option de sortie de la région de Loikaw à la fin du programme Immersion au coeur de la mosaïque ethnique birmane.  

Petite incursion dans la région de Thandaung Gyi, au nord de l’État Karen
Avant de rejoindre la ville de Toungoo, nous avons fait un détour pour aller découvrir la région de Thadaung Gyi, dans le nord de l’État Karen, qui vient seulement de s’ouvrir aux étrangers. Nous avons donc voulu en profiter. Située en altitude, Thangaung Gyi en tant que telle est surtout intéressante pour l’ambiance de station climatique coloniale anglaise et pour la vue dégagée à 360 degrés depuis les sommets. Ce que nous avons trouvé plus intéressant était d’aller découvrir un village Karen à mi-pente, et nous essaierons de pousser plus loin et rester plus longtemps lors d’un prochain voyage.

Pour finir, nous vous rappelons que Jérôme a présenté une web-conférence sur la Birmanie disponible en replay.