Gérard de Nerval écrivait au retour de son voyage émerveillé en Orient : « C’est dans les ruines que l’on sent battre le cœur des civilisations disparues. L’Orient n’est pas un rêve : c’est une mémoire qui respire. » Que ce soit l'Algérie du Nord ou l'Arabie saoudite, il est ainsi des Orients proches qui dévoilent leur richesse dans la pierre, le sable et les ruines silencieuses. De Constantine à Ghardaïa, les traces d’un passé foisonnant ont ponctué le parcours de nos voyageurs de mars : beautés ottomanes, cités puniques et romaines comme Tiddis, Timgad ou Djémila... Plus à l’est, au cœur des terres de l’ouest saoudien, l’archéologie révèle une Arabie de royaumes autrefois amples et puissants dont les pétroglyphes de Jubbah et les monumentaux tombeaux nabatéens d’Al Hegra témoignent. Nous vous en proposons la découverte dans un itinéraire exclusif.
Héritiers de traditions et de mémoires, ces Orients s'inscrivent à présent dans les mutations contemporaines qui affectent les peuples et leurs coutumes. Séparés, mais liés par l’histoire et le souffle du désert, ils déclinent avec originalité une dynamique humaine et culturelle, loin des clichés, nous étant à la fois proches et peu connus.
Porte du Palais Dar es Souf © Colette Sibenaler
De Constantine à Ghardaïa et Alger : impressions de voyage
Tamera : L'Algérie du Nord n'est pas une destination touristique banale et suscite bien souvent la méfiance. Qu'avez-vous pensé de votre parcours de Constantine à Alger avec quelques jours dans le désert oriental, les oasis et la découverte du pays m'zab ?
C : Le parcours est bien équilibré et riche, autant historiquement que pour découvrir la diversité des paysages et des horizons.
MC : Grande voyageuse, j’avoue que ce pays m’a vraiment marquée. C’était une vraie belle découverte. L’Algérie est d’une richesse extraordinaire, historiquement, culturellement et humainement. L’accueil y est incroyable.
Tamera : Les sites archéologiques visités ont des importances variables au vu de l'histoire, mais aussi des vestiges qu'il en reste. L'un d'entre eux vous paraît-il plus beau, plus emblématique que d'autres ?
MC : Personnellement, j’ai adoré Tiddis, plus intimiste, avec cette vue imprenable sur les gorges et sans doute aussi en raison de Nordine, qui aime ce lieu plus que tout pour y avoir grandi et en connaît chaque recoin. Son père et son grand-père ont participé aux fouilles, et André Berthier, l'archéologue, jouait avec lui alors enfant. Mais le site le plus marquant de par son emplacement et son état de conservation reste sans conteste Djémila. Quant au site de Timgad, il est GRANDIOSE ! Ces visites étaient absolument passionnantes.
C : Djémila et sa visite : un excellent moment, car la guide a été excellente en mêlant aux explications des anecdotes en relation avec les civilisations, des histoires personnelles concernant le contexte, les restaurations... Et à Ghardaïa, nous avons beaucoup appris sur la culture des Mozabites et l'architecture des villages. Les guides font très sensiblement entrer dans « l'esprit du site »...
Timgad © Colette Sibenaler
Tamera : Avez-vous pu échanger sur un mode sincère avec les Algériens croisés dans votre circuit ? Vous ont-ils paru curieux et intéressés par votre démarche de visiter leur région ?
C : À Alger, j'ai échangé avec 3 dames sur le banc d'une place et elles ont absolument tenu à m'offrir des gâteaux qu'elles avaient préparés ; un geste généreux, à la hauteur de l'accueil chaleureux et intéressé que nous avons expérimenté durant ce voyage.
M-C : Les Algériens sont très heureux et flattés de voir des Français venir à eux ! Nous avons fait de vraies belles rencontres avec des discussions très ouvertes et passionnantes.
Marché du M'zab © Marie-Christine Gousseau
Tamera : Quel est le souvenir le plus émouvant ou le plus singulier de votre voyage ?
M-C : ... dans les balcons du Ghoufi : la rencontre avec cette vieille dame qui vit seule dans l’oued et parcourt des kilomètres avec un fort dénivelé, portant sur son dos une charge énorme de fourrage pour nourrir ses chèvres au milieu desquelles elle dort la nuit en raison de la présence de loups. Celle avec deux femmes, dont une architecte qui a réalisé un prototype de maison écolo, et qui vivent leur différence en toute liberté. C’était très intéressant de constater qu’elles semblaient tout à fait acceptées dans ce village reculé et conservateur.
C : ... il y avait un chat noir contemplatif dans les ruines de Tipaa et le texte de Camus dans Noces qui enveloppait le paysage... À Biskra, j'ai rencontré deux femmes ayant fait des études développées dans les ressources humaines et la linguistique ; mais elles étaient au chômage... et à Ghardaïa, nous avons pu échanger sur leurs conditions et leurs attentes avec des femmes au français impeccable... C'est un peu déroutant.
M-C : la vallée du M’zab reste très mystérieuse et de toute beauté avec ses cités ocre. Elles semblent immuables et pourtant... Il y règne une atmosphère très particulière avec ces femmes mozabites, femmes « cyclopes » voilées de blanc, regards furtifs et fuyants, ombres glissantes et évanescentes...
Comme Marie-Christine et Colette, laissez-vous surprendre, interroger et subjuguer par cet Orient si proche et si lointain, Nord : du massif des Aurès à Gardhaïa
Ruelle de Ghardaïa © Colette Sibenaler
Déserts de caravanes et cités déroutantes : une nouvelle aventure en Arabie saoudite
Cap à présent vers les horizons d'un nouveau voyage que nous vous proposons en Arabie Saoudite... Pareil aux tissages qui redessinent aujourd'hui cette destination, notre parcours brasse mémoires antiques et modernité audacieuse. Nous allons sur les traces des caravanes cheminant jusqu'à Pétra, dans des villages en pisé, sentinelles du temps, nous marchons dans des canyons spectaculaires et des déserts infinis ; nous découvrons la ville sacrée de Médine. Mais nous contemplons aussi les magistrales architectures futuristes de Riyad et Djeddah, où s'allient traditions et progrès contemporains.
Cratère et gravures rupestres © Issa
Si l'exploration des sites nabatéens d'AlUla et Hegra marque indéniablement le voyage par les richesses archéologiques qui s'y déploient, notre trajet désertique nous fait aussi découvrir des cités caravanières comme Hail, des massifs ruiniformes parsemés de pétroglyphes comme Jubbah, le joyau géologique qu'est le cratère d'Al Wahba, des oasis comme Disah, les dunes rouges de Zeita, les arches du désert de Badja... Bonheur des visites et enchantement des randonnées s'équilibrent dans ces journées d'immersion dans les déserts d'Arabie saoudite.
Mosquée de Médine © Nelly Cuenca
Outre la visite de Médine, seconde ville sainte de l'Islam mêlant recueillement et vitalité, nous prenons aussi le temps de nous plonger dans les villes contrastées du Royaume. Débutant par Riyad, capitale moderne, dynamique et hallucinante par ses monuments futuristes et Djeddah qui, en bord de mer Rouge, séduit par son vieux centre aux façades en corail, ses moucharabiehs et son ouverture culturelle. Chacune de ces cités désoriente en rappelant le passé ou en profilant l'avenir.
Riyad – La tour Faysaliah @Tamera
Sans compter qu'au fil de nos étapes, les échanges avec les habitants chaleureux et hospitaliers permettent de mieux sentir les turbulences, les craintes et les espoirs d'une société en mutation, embarquez pour notre itinéraire Joyaux nabatéens, cités déroutantes et horizons désertiques – assuré le 1er décembre 2025
Quel avenir pour « nos » Orients?
Dans l'oasis © Colette Sibenaler
Faut-il craindre que les bouleversements engendrés par la mondialisation désagrègent l’esprit de l’Orient dans ces pays fascinants comme l’Algérie ou l’Arabie saoudite ? Pour l'instant, les mutations économiques, sociales et culturelles n’ont pas effacé les symboliques ni les singularités héritées de siècles d’histoire, et une vitalité ancestrale irrigue toujours en profondeur ces sociétés.
Les casbahs aux étroites ruelles perdurent non loin des tours de verre, les marchandages et rituels traditionnels perdurent à l’ombre des centres commerciaux, l'hospitalité reste vive et les paysages archéologiques nous parlent comme aux peuples qui les côtoient. L'intégration à la modernité n'est pas forcément un désaveu ou un abandon du passé et nous pouvons espérer que, comme l’écrivait Gustave Flaubert, il reste possible que « L’Orient est ce que l’Occident ne sera jamais »... non pas en se figeant dans une opposition sclérosée – voire suicidaire – mais en pratiquant un échange fécond. Dans « nos » Orients, tensions et risques sont aussi sources d'une créativité originale que nous vous proposons d'éprouver et d'explorer.
L'Arabie saoudite est un chantier fascinant de ce complexe métamorphique, conservant avec ténacité ses mémoires tout en se projetant résolument dans le futur : Nos trek et voyages culturels en Arabie saoudite.
Entre hier et aujourd'hui ©Issa