22 janvier 2020 - Himalaya et Inde, Népal, Trekking, Expéditions

Depuis toujours, le toit du monde fascine. La région de l’Everest, le Khumbu, et le sommet éponyme ont fait rêver des générations d’aventuriers en quête d’ascension. Surplombée par des sommets majestueux, une randonnée dans ces vallées nous invite à la découverte de la magie des lieux. Tamera continue de proposer de belles immersions permettant de tutoyer l’Everest, ainsi que les plus hauts sommets de la planète. Pour la première fois, en 2020, nous tentons son ascension avec le spécialiste et guide de haute montagne, Bernard Muller. Le printemps reste une saison privilégiée pour découvrir le Népal. Plusieurs de nos départs sont confirmés.

 

                           © Ducoin David

 

Nous découvrons aujourd’hui l’expérience de Jean-Marc Porte

« Dans la vallée du Khumbu, le trek du camp de base de l'Everest (également nommé le trek du Kala Pattar) est l’itinéraire le plus direct et le plus couru pour approcher l’Everest. L’argument est aussi massif que les 8 848 mètres du toit du monde. Si vous rêvez, les pieds sur terre, de contempler le point le plus haut de la planète, c’est ici. Un aller-retour unique et direct au bord de la très haute altitude, sur les pas des tout premiers vainqueurs de l’Everest. Tout au bout de la vallée du Khumbu, en terres sherpa.

 

                               © Ducoin David


L’histoire de cet itinéraire prestigieux commence dans les années cinquante. Elle est intimement liée a celle du Népal, et à la conquête des grands 8 000 de la planète. Et plus précisément, à celle de la seconde phase de conquête du toit du monde. La première ? Elle a échoué, depuis les années 20, au Tibet, sur le versant nord du « géant ». Après la disparition de Mallory et Irvine sur son arête est, et malgré plusieurs autres expéditions infructueuses, le point géographique le plus haut du globe reste vierge. Dans les années 1950, la géopolitique va bouleverser la donne. Dans un mouvement quasi-simultané, alors que l’invasion chinoise du Tibet (1949) va fermer pour des décennies l’accès du Tibet aux expéditions étrangères, c’est le royaume du Népal – longtemps interdit – qui commence à s’ouvrir aux occidentaux. 1950 ? Les Français signent la première ascension de l’ Annapurna. Un premier 8 000... Mais pas le plus haut. L’Everest ? La toute nouvelle approche par le sud focalise en un temps record plusieurs expéditions de reconnaissance. L’énergie se dirige sur une vallée clef, le cœur du peuple sherpa : le Khumbu. Le timing en dit long sur l’enjeu de cette conquête ? Entre 1950 et la victoire d’Hillary et Tenzing (29 mai 1953), pas moins de trois expéditions, réunissant la fine fleur des explorateurs et himalayistes anglais (Bill Tillman, Eric Shipton qui rêvait d’y trouver le Yéti...) et suisses, auront, coup sur coup, exploré et remonté la haute vallée du Khumbu, et bouclé les quatre « premières » du trek de l’Everest !

 

                             © Ducoin David

 

Hillary, Tenzing, l’Everest et le Khumbu.

En mai 1953, la nouvelle est descendue du Khumbu à Kathmandu... à pied. Pas de téléphone satellite à l’époque. Mais elle a fait la une des journaux du monde entier le jour du couronnement de la reine d’Angleterre. En gravissant les 8 848 mètres du plus haut sommet de la terre, deux hommes, l’alpiniste et apiculteur néo-zélandais Georges Hillary et le Sherpa Tenzing Norgay, ont accolé, pour l’Histoire, leur nom à la conquête du plus haut sommet de la terre. Mais aussi à la vallée du khumbu. Agé de 38 ans en 1953, Tenzing Norgay était un enfant du pays (il est né, selon sa biographie officielle, à Temboche). Sherpa très expérimenté. Il avait participé à plusieurs expéditions infructueuses sur l'Everest. Devenu une star vivante aussi bien au Népal qu’en Inde, (Nehru lui confirmera la direction de l’Institut de montagne de Darjeeling), son nom sera en occident le plus grand ambassadeur de l’ethnie des Sherpas du Khumbu. Un sommet du Népal (le Tenzing Peak) porte son nom depuis 1973. De même, une chaîne de la lointaine Pluton. Plus exceptionnel dans l'histoire de l’himalayisme : Sir Hillary ne fera pas que redescendre auréolé de prestige du sommet. Il consacrera, jusqu’à son dernier jour, une grand partie de son temps à aider et promouvoir le développement de la vallée du Khumbu, que ce soit dans les domaines de l’éducation, de la santé, du tourisme ou de la protection de l’environnement…

 

                          © Ducoin David

 

Tous les noms de l’Everest...

Pour les Occidentaux, la première dénomination de l’Everest sera, au XIXe siècle, un simple chiffre, celui reçu lors des relevés topographiques lors des surveys britanniques, études effectuées depuis l’Inde. Mais les résultats comparés de ces triangulations finissent par propulser le sommet devant le Dhaulagiri et le Kangchenjunga, longtemps considérés comme les plus hautes montagnes de la chaîne himalayenne... Il sera baptisé « par défaut » en 1865, du nom de Sir Georges Everest, l’initiateur de ces gigantesques travaux cartographiques sur la région. Mais qu’en était-il de la toponymie locale de ce sommet ? En 1733, le Nouvel Atlas de la Chine et de la Tartarie chinoise pointait déjà une autre piste : celle de Chomolungma, sans précision particulière. En 1855, un officier anglais proposait « Devadhunga ». Vérifications faites, les Népalais ignoraient visiblement ce nom. La même année, un géographe attribua par erreur à l’Everest le nom de Gauri-Shankar, une montagne bien réelle, mais éloignée d’une cinquantaine de kilomètres... Sur le terrain, au Tibet, les noms recensés, tels que Chomo Lungma (ou encore Qomolungma), « déesse mère des vents » ou « de toutes les neiges », Chomolung ou Chamalung, désignent encore l’Everest, même si ces noms semblent plus se rapporter au massif qu’au sommet lui-même. Au Népal, le nom désormais officiel de l’Everest est Sagarmatha « tête de l’océan », après que Mahallungur Himal ait été avancé. Enfin, si les textes bouddhistes considèrent le mythique mont Meru comme l’axe de la terre (représenté par le mont Kailash au Tibet, sommet sacré des religions bouddhistes, hindouistes et bön), l’Everest y apparaît symboliquement. Sa description la plus commune est Mi-Thi Dgu-Thik Bia-Phur Long-Na, soit : « la montagne que l 'on ne peut pas voir lorsque l’on est proche, mais qui est visible de neuf points, et qui rend aveugles les oiseaux qui volent à son sommet ».

 

                            © Ducoin David