16 août 2012 - Actualités,

Plus de dix ans après avoir lancé le concept des « grandes caravanes », et justement sur « la route de la soie », nous revenons sur cette route du commerce qui a façonné le monde et prévoyons le lancement d’une caravane qui lui sera dédiée à l’été 2013.

 

Route des idées et des cultures

Voie terrestre mythique, la route de la soie est née au cours du premier millénaire avant JC pour prendre son essor au premier millénaire après JC puis s’éteindre au cours du second, minée par l’insécurité et l’isolement de la Chine, au profit des voies maritimes. Au début du troisième millénaire, il semble que tous les ingrédients soient réunis pour revivre cette extraordinaire aventure.

Son nom lui aurait été donné au XVIIIème siècle, notamment par l’explorateur et archéologue allemand Ferdinand Von Richthoffen (Seidenstrasse). Ce nom est lié à cette précieuse matière confectionnée en Chine grâce aux vers à soie, et dont les Chinois ont été longtemps les seuls à détenir le secret de fabrication.

La route de la soie fut aussi bien une route marchande des épices, du papier ou de la porcelaine, mais également une voie d’échanges interculturels, religieux (dont l'Islam et le Bouddhisme) ou techniques.

La route de la soie a été exploitée et contrôlée par de nombreuses civilisations puissantes : celle de la dynastie des Han, les Grecs et les Romains ainsi que les Sogdiens, originaires de l'actuel Ouzbékistan, qui passent ensuite sous le contrôle des Sassanides, dynastie perse qui régnera plus tard sur l’Iran moderne.

La domination mongole au XIIIème siècle apporte dans la région la loi et l’ordre. Il en résulte un certain regain d’activité commerciale sur la route de la soie. Cette période permet également un brassage de populations et a pour conséquence (paradoxalement) l’enracinement des langues turques en Asie Centrale. Les Mongols s’islamisent et se turquifient à partir du règne de Tchaghatay, fils de Gengis Khan.


Pas une route mais des routes

La route de la soie reliait l'actuelle ville chinoise de Xi'an à la ville d'Antioche en Turquie, traversant l’Asie Centrale qui a vu ainsi une intense circulation de marchandises, d’hommes et d’idées.

Le plus souvent elle partait des actuelles villes chinoises de Xi'an, Lanzhou ou encore Xining, avant de poursuivre par la province du Gansu, et de déboucher sur le désert du Taklamakan, sans doute l'un des plus arides de tous les déserts, entouré des massif des Tian Shan et des Kunlun.

Elle contournait ensuite ce dernier soit par la voie du Nord, soit par la voie du Sud, parcourant les différentes oasis (Turfan, Urumqi, Kuqa, Aksu, Kachgar pour le Nord, et Dunhuang, Miran, Khotan, Yarkand, pour le Sud). Chacune de ces deux voies possèdent de nombreuses variantes. C'est ainsi, qu'au fil des caravanes se sont dressés de nombreux caravansérails, pour accueillir marchands, commerçants et autres voyageurs.

C'est à partir de Kashgar et Yarkand que la route de la soie prenait la direction de la Perse ou de l'Inde, traversant les massifs du Pamir, de l'Hindu Kush et du Karakoram, pour enfin traverser toutes les oasis de l'Asie Centrale, tel que Samarkand, Boukhara ou encore Merv (actuelle Mary).

Il existait plusieurs itinéraires, plusieurs routes englobant le Caucase, toute l'Asie Centrale et une bonne partie de la Chine actuelle, et pouvait aussi atteindre jusqu’à l'Inde.

Ce gigantesque faisceau, héritier de la route du Jade, et principal réseau de transition des marchandises pendant des siècles d'échanges entre Est-Ouest, fut ensuite supplanté par la voie maritime.

 

Route de l’imaginaire

Depuis toujours ces routes commerciales ont été entouré d'un imaginaire fort que l'on retrouve surtout à travers la littérature.

Elles ont marqué les régions traversées de part leur caractère historique, commercial, religieux et culturel. Nous avons tous entendu parlé des routes empruntées par les grands explorateurs qui au fil des siècles découvraient de nouvelles terres et de nouvelles routes, engendrant la rencontre de nouvelles cultures. L'exemple le plus flagrant est celui de Marco Polo, fils d’un commerçant et navigateur vénitien qui se rendit en Asie Centrale au cours du XIIIème siècle et qui explora de nouvelles routes au cours de diverses missions réalisées pour le grand Khan mongol Kubilaï de l’époque. De Samarkand à Boukhara, puis le Pamir et les Thian Shan avant d’arriver au Xinjiang, à Kashgar et à Lob Nor dans le bassin du Tarim où il séjourna. Dans son récit, Le livre des merveilles du Monde, Marco Polo livre aux européens et par conséquent aux occidentaux un premier aperçu de la vie en Extrême-Orient et de l’Asie Centrale.


 

Une route des origines pour TAMERA

Depuis la création de TAMERA, nous avons toujours été portés par cet imaginaire et fascinés par les nombreuses histoires et légendes qui entourent la route de la soie. Nous avons, dès notre création en 1994, établi un itinéraire qui traversait une partie de l'Asie Centrale, Turkménistan, Ouzbékistan, Kyrghyzstan, avant de rejoindre la région du Xinjiang.

Au moment d'imaginer notre première grande caravane, en 2002, c'est encore et toujours la route de la soie qui nous a poussé à imaginer un itinéraire partant de Pékin et traversant la Chine, Le Kyrghyzstan, l'Ouzbekistan, le Turkménistan, l'Iran, l'Irak avant de terminer dans la capitale syrienne de Damas.

En fait, comble du raffinement (!), nous avions lancé simultanément deux caravanes qui devaient théoriquement se rejoindre au milieu : entre septembre et décembre 2002, la caravane saharienne partait de Nouakchott en Mauritanie et traversait dix pays en 103 jours, sur 21 000 km, dont 450 km à pied. La caravane asiatique partait de Pékin, suivant notre « route de la soie » et traversait sept pays en 110 jours, pour 19 800 km dont 360 km à pied. Après plus de trois mois et demi de voyage, les deux caravanes se sont rejointes à Damas avec sept minutes d'écart !

Jacques Chatelet, fondateur de TAMERA, précisait à l’époque : « pour la caravane asiatique, le fil conducteur a bien sûr été les routes de la Soie, vaste faisceau de routes caravanières entre Orient et Occident, mais nous avons aussi privilégié l'approche de régions peu connues et peu visitées, en marge de ces grandes routes. ».

Le concept des grandes caravanes est de prendre le temps de découvrir et de redécouvrir des lieux, des peuples, une histoire, en opposition avec notre temps où tout s’accélère, y compris la perte de sens. C’est plus généralement la philosophie de TAMERA que de remonter le temps… à pied !

A cette époque le magazine Trekmag avait dédié un magazine entier à notre caravane, accompagnée par nos amis Jean-Marc Porte et Thomas Bianchin. Ils écrivaient à l’époque : « la grande caravane, par sa progression en un mouvement qui s'offre à la vue, l'ouïe et au toucher, les a restitués aux voyageurs devenus spectateurs et leur a fait retrouver cette image mobile de l'éternité, dont parlait Platon.  Un voyage en Orient, sur la route de la soie, c'est un voyage dans l'espace et dans le temps, dans les strates du temps qui nous sépare d'Abraham aux chênes de Mambré, d'Alexandre fondant 70 villes du Nil à l'Indus, ou des poètes persans dans les nuits de Chiraz. »


 

Nouvelle caravane sur la route de la soie prévue à l’été 2013

Près de 10 ans plus tard, nous projetons une nouvelle caravane pour l'été 2013, qui débuterait à l’ouest du Caucase pour atteindre la ville de Xi'an en Chine.

L’itinéraire précis et la fiche technique sont en cours d'élaboration et nous devrions pouvoir vous la présenter lors de notre newsletter du mois d’octobre.

D’ores et déjà, n’hésitez pas à nous consulter et à apporter vos commentaires par ce blog. Une ville, un col, un lac, un massif à ne pas rater… nous sommes à votre écoute.