09 août 2018 - Témoignages, Trekking, Chili, Argentine, Afrique du Sud

Ami de longue date de Tamera, Marc Lubin est guide de haute montagne, infatigable voyageur et défricheur de terrain « hors norme ». Amateur de cartographie, il aime les étudier dans les moindre détails et rêver d’aventure dans des territoires peu connus ou oubliés de tous. De l’Amérique du sud à l’Afrique, retour sur les derniers itinéraires nés de cette collaboration privilégiée avec ce voyageur sensible et avant tout profondément humain. Dans ce petit entretien, il nous livre ses récentes découvertes, la passion qui l’anime et nous fait partager la beauté de son terrain de jeu, notre belle planète.

 

  
 

Grand nord chilien

Bonjour Marc, comment construis-tu tes itinéraires rares et pourquoi avoir choisi le grand nord chilien ?

Tout d’abord, je regarde passionnément les cartes et cela m’interpelle fortement quand celles-ci, par manque de renseignements, me font deviner un vide, gage de découvertes. Je me suis rendu une première fois dans l’extrême nord chilien en 2008, là où le tourisme est presque inexistant, et j’ai écumé les pistes et rencontré un pays fort et contrasté. Les communautés aymaras face à l’industrie minière. L’altiplano avec ses Salars, ses eaux chaudes, ses volcans, sa faune riche et typique, sa flore capable de toutes  les adaptations.

Et puis surtout, j’ai rencontré en coup de vent Eduardo, anthropologue de son état et opérateur de voyages d’aventure. Nous nous sommes revus et l’idée a germé de développer des programmes rares autour du trek et de l’aventure et la découverte.

Ce qui me plait au Chili, est que le pays est simple, sauvage et magnifique. On ne peut oublier l’ambiance du marché dominical des trois frontières. On ne peut oublier les vestiges du téléphérique d’évacuation du minerai de souffre là- haut à plus de 5 600 m sur les flancs du volcan Tacora. On ne peut oublier les courses effrénées pour photographier les vigognes qui peuplent les berges du Salar de Surire ou les flamants du Salar de Huasco, ou les « champs » de Llaretas au-dessus de Ancuaque ou la tourbière de Caquena avec ses lamas et, ses alpacas ou encore ces viscaches cachés derrière les rochers du campement….. Et la petite église de Isluga ….et voilà j’y suis de nouveau !

Suite aux voyages et rencontres de Marc, David Ducoin, en charge de l'Amérique latine, y a fait un voyage de reconnaissance avec un petit groupe, l'occasion aussi d'aller au sommet du volcan actif Guallatiri à 6 180 m. Suite à ce voyage nous avons dévellopé trois programmes au nord Chili dont les départs se font chaque année.


 

 

Grande traversée de l'Argentine

Comment est né dans ton esprit notre projet de grande traversée de la Patagonie au nord-ouest argentin sur la route 40 ? Quelles sont les difficultés pour la mettre au point ?

L’Argentine est un pays de grands espaces parfois ennuyeux, de contrastes saisissants et de merveilles naturelles reconnues mondialement. N’oublions pas que c’est le  8ème pays au monde en superficie. La route 40 est une route mythique qui déroule son ruban à demi asphalté sur presque 5 000 km du Cabo Virgenes à La Quiaca. Sa construction date de 1935 et c’est une route de démesure qui abandonne vite les rivages atlantiques pour s’insinuer dans l’immensité patagonne et par voie de conséquence dans l’âme argentine. L’autre caractéristique majeure de cette route c’est qu’elle côtoie la cordillère des Andes dans une familiarité obsessionnelle. D’abord distante pendant 400 km elle longe la cordillère pendant 3 000 km dans la partie sud puis dans les derniers 1 500 km elle se fond dans les déserts de l’altiplano  et les cordons secondaires pour évoluer entre 4 000 et 5 000 m. Connaissant bien l’Argentine, la route 40 est un rêve. Alors il faut le réaliser ! Et pour cela trouver la bonne logistique. J’ai sollicité Eduardo de Mendoza que j’ai connu alors qu’il était encore sur les bancs de l’université et qui, par ma faute, est allé à la découverte de son pays et du monde sillonnant la route 40. La naissance d’un voyage c’est toujours une histoire de rencontre.

La fiche programme de ce fabuleux voyage est en cours de finalisation. Pour la recevoir dès sa parution, cliquez ici.


 

 

Haute montagne dans le sud du Chili

Peux-tu nous rappeler la genèse du programme d'alpinisme sur six volcans de l’Araucanie et de la région des lacs » ?

L’été Austral 93/94 fut pour moi très chargé et je passais presque 3 mois en Argentine et au Chili. Ma famille m’a ensuite rejoint pour les congés de Noël et ensemble nous nous sommes rendus en Araucanie, la région des lacs et des volcans, le pays Mapuche. Bien sûr nous avons (sans les enfants qui étaient petits) gravi par de belles pentes de neige le Villarica qui, arrivés au sommet nous dévoila sa gueule ouverte au fond de laquelle rougeoyait le magma et parfois un rot non académique provoquait un petit bombardement. Puis, je suis allé avec des amis à l’Osorno – le Fuji Yama d’Amérique du Sud - qui domine majestueusement les eaux du lac Lanquihue. Cette région calme et verte avec ses lacs et ses montagnes accessibles me fascinait, les noms mapuches des volcans m’envoûtaient, les calendriers remplis de photos somptueuses m’emmenaient au Lonquimay, à l’Antuco et à la découverte d’autres neiges encore. Puis, il y eu la découverte inopinée du Solipulli avec son glacier de cratère. Devant tant de signes, je me suis dit que je devais faire un voyage présentant un panel de ces merveilles de la nature. 

Et bien entendu, quand Marc nous a parlé d'une série d'ascensions sur les plus beaux volcans de la région, nous n'avons pas hésité. Nous avons donc prévu un départ qui nous permettra de passer le réveillon 2018 dans le cratère d'un volcan et de faire la traversée intégrale du Solipulli. Un voyage rare et unique pour les amoureux de la montagne à découvrir ici.

 

 

Voyage de reconnaissance en Afrique du Sud

Tu ne t'intéresses pas qu'à l'Amérique du sud. Tu travailles actuellement sur un voyage de reconnaissance en Afrique. Peux tu nous en parler un peu ?

Si l’Amérique du Sud et le Népal m’ont beaucoup sollicité, je ne dois pas oublier que j’ai commencé à parcourir le monde en Afrique et plus particulièrement en Afrique saharienne. Ensuite, par petites touches, j’ai parcouru d’autres mystères africains. L’un de mes plus grands moments fut un voyage au Ruwenzori. On y est seul et loin de tout dans un monde fantasmagorique. Plus récemment, cela me rappelle la traversée de l’Auyan Tepuy et la descente en rappel du salto Angel au Venezuela. Puis, dans le style grands espaces et solitude j’avais eu le plaisir de trainer dans les marais de l’Okavango au Botswana. A cette occasion, j'étais passé par Johannesburg où les cartes m’avaient parlé avant que les librairies fasses le reste.

Sur toute les cartes je voyais ce gros point nommé Lesotho. Pourquoi ? Pourquoi ce royaume enclavé en pleine Afrique du Sud ? Pourquoi les Basothos ? Pourquoi ces montagnes, ces cascades, ce pays sauvage ? Pourquoi le fleuve Orange ? Pourquoi Mont aux Sources (en français sur les cartes)? Pourquoi le trek est-il absent de ces lieux ne laissant la place qu’à un tourisme de tout terrain, VTT ou 4x4 et équestre ? La difficulté fut de trouver des partenaires de terrain. C’est chose faite et, avec Eric Bonnem chez Tamera, nous sommes en train de monter un très prometteur voyage de reconnaissance en octobre et novembre 2019 dont la thématique est le fleuve Orange, de ses sources dans le Drakensberg à son embouchure atlantique à la frontière namibienne. Première partie avec une traversée da chaine du Drakensberg, magnifique trek et seconde partie au fil de l'eau à la découverte de la faune et des paysages des plaines sud-af. Mais je n’en dirai pas plus pour le moment !

Si vous souhaitez participer à ce programme de reconnaissance en Afrique du sud prévu en octobre / novembre 2019 accompagné par Marc Lubin, alors n'hésitez pas à cliquer ici et nous vous tiendrons informé(e).