23 juillet 2013 - Inde, Peuples et fêtes

A la redécouverte du Cachemire et continuation sur le Ladakh

Profitant d’une relative accalmie, nous sommes partis redécouvrir le Cachemire pour évaluer la possibilité de l’intégrer de nouveau à nos programmes pour 2014 : nous avons randonné dans la vallée d’Aru et la région de Naranag ; nous nous sommes immergés dans Srinagar et avons séjourné sur l’un des nombreux Houseboat du Lac Dal. Puis nous avons pris  la route du Ladakh jusqu’au festival de Karsha.

Depuis la première guerre entre l’Inde et le Pakistan en 1947, le cachemire est partagé entre le Pakistan, l’Inde et la Chine. L’Etat indien du Jammu-et-Cachemire étant le principal point de discorde entre le Pakistan et l'Inde, il reste l’une des régions les plus agitées d’Inde. Aussi nous avions décidé de la retirer de notre programmation en 2008, à notre grand regret.

Au Cachemire, nous avions également l’intention d’assister au pèlerinage d’Amarnath mais des problèmes administratifs et climatiques (inondations) ainsi qu’une présence militaire redoublée liée à des actes récents de terrorisme interethniques nous en ont empêchés. Ce fut la grosse déception de ce voyage.

Pour illustrer notre récit ci-dessous, découvrez notre diaporama de 3 minutes en images et en musique sur ce passionnant périple, en cliquant ici.


Nomades de la vallée d’Aru

C’est à la fin du mois de juin que nous quittons l’ambiance moite et grouillante de l’ancienne gare de Delhi pour gagner l’Etat du Jammu-et-Cachemire en train de nuit.
Après environ 13 heures de trajet, rythmé par le va et vient des marchands ambulants, nous entrons en gare de Jammu et gagnons très rapidement le petit village de Pahalgam, situé dans la vallée d’Aru.
Un premier trek dans la vallée nous plonge dans le décor verdoyant et montagneux du Cachemire où nous allons à la rencontre des nomades. Dès les premiers instants, nous ressentons un véritable élan d’accueil de leur part. Une partie des hommes s’affairent à soigner la dentition d’un cheval avec un traitement assez basique à base d’oignons crus. Nous sommes invités à rejoindre la tente principale et à échanger avec eux. Les traits de leur visage ne sont pas sans rappeler ceux des afghans. A vol d’oiseau nous ne sommes pas si loin de l’Afghanistan et du Pakistan.

          


Splendide ville de Srinagar

Puis nous arrivons dans belle ville de Srinagar, capitale d’été du Cachemire, qui cristallise depuis toujours les tensions de la région.  Les cachemiris sont divisés entre ceux qui militent pour un Cachemire libre et indépendant (environ 50%), ceux qui souhaitent être rattaché au Pakistan (25%) ou rester rattaché à l’Inde (25%). Manmohan Singh, premier ministre indien choisit le même jour que nous pour se rendre à Srinagar ! Ainsi, c’est une ville complètement morte que nous trouvons à notre arrivée à ses portes. Tous les commerces sont fermés, par sécurité ou protestation envers le gouvernement et cette visite impromptue. Nous prenons conscience de la sensibilité de cette région hautement stratégique militairement. 
Toute cette tension est balayée d’un revers de pagaie dès que nous atteignons le Lac Dal, situé au cœur de la ville. Nous naviguons à travers un dédale de jardins flottants, entre nénuphar et lotus,  peuplé d’une avifaune riche à la découverte des célèbres Houseboat. Nous établissons notre « base » sur l’un d’eux, ce qui nous renvoie aux origines de la ville, à l’époque où les étrangers n’avaient pas le droit d’acquérir une parcelle de terre et ont donc bâti une véritable citée flottante sur le lac.  
Nous découvrons la vieille ville de Srinagar avec ces ruelles étroites, ces petites échoppes, ces mosquées et autres temples Sikh et Hindou, ainsi que les nombreux jardins à étages qui surplombent la ville et le lac. Le soir nous profitons de la quiétude du lac pour laisser le soleil couchant nous draper de sa rêverie orangée.

          


Montagne cachemeries jusqu’au lac Gangabal

Nous rejoignons enfin Naranag, point de départ de notre randonnée en direction du lac Gangabal. Une fois les mules chargées, c’est sous la pluie et dans la brume que nous commençons notre approche des montagnes cachemiries. Nous démarrons par une montée raide au dénivelé important avant de retrouver un sentier un peu plus équilibré entre petites montées et petites descentes.  Nous établissons notre camp de base et commençons à rayonner en étoile.  Nous découvrons le joli lac de Gangabal au cours d’une randonnée à travers les alpages. En chemin, nous croisons quelques nomades.

          
 

Arrivée au Ladakh

Après avoir traversé de nouveau la forêt pour rejoindre Naranag, nous quittons la région verdoyante et arrosée du Cachemire pour entrer dans l’univers minéral et désertique du Ladakh. Nous passons petit à petit, au fil de nos arrêts, d’un monde majoritairement musulman à un monde majoritairement bouddhiste. Après un premier arrêt à Kargil, (dernière ville à majorité musulmane), nous changeons de guide et d’ambiance. Nous laissons le côté un peu introverti, mais non moins accueillant des musulmans, pour le côté plus enjoué et expressif  des bouddhistes. Nous suivons le cours de la rivière Suru, et approchons du massif du Nun (7135 m) et du Kun (7087 m), que nous longeons par son versant nord jusqu'à Rangdum, où nous établissons notre camp. Nous profitons de notre passage pour assister à une des pujas matinales du joli petit Gompa, perché en haut de la colline.


En route pour le festival du monastère de Karsha, au Zanskar

Nous entrons à présent dans la plaine du Zanskar et atteignons le dernier but de notre voyage, la citée monastique de Karsha. Depuis la route qui arrive à Padum, nous apercevons le monastère de Karsha, le plus grand et le plus important du Zanskar, accroché à la falaise et surplombant le petit village. Nous installons notre camp et passons deux jours à visiter les alentours, notamment le Gompa de Barden. Nous découvrons le monastère et la nonnerie de Karsha. Chaque jour nous assistons un peu plus à la préparation du monastère au festival annuel. C’est l’occasion d’aller à la rencontre des moines et nonnes et d’échanger avec eux autour d’un thé. Le temps semble s’être complètement arrêté et nous profitons pleinement de cette ambiance harmonieuse et calme qui se dégage de la vallée.

          


Jour de fête à Karsha

C’est le jour J ! Le monastère s’est paré de ses plus belles couleurs pour célébrer la fête annuelle avec tout le village. Ce premier jour de fête coïncide avec le 78ème anniversaire du 14ème Dalaï Lama. Après avoir pris part au lancement des festivités de ce jour particulier pour tous les bouddhistes à Padum, nous regagnons le Gompa de Karsha pour assister aux danse Cham des moines. Pendant deux jours nous partons dans un voyage initiatique haut en couleurs, où nous prenons part à la bataille entre le bien et le mal. Les moines, vêtu de costumes traditionnels et de masques évoquant des divinités parfois courroucées, entament une série de danses au rythme des timbales, tambours et cornes.  Les rites vont parfois au-delà des traditions bouddhistes avec la participations d’animaux (yack, cheval, chèvre, chien) censés représenter la vie animale nécessaire à la survie dans cette région isolée et désertique. Tout le village est réuni autour de la cour principale, assis par terre ou debout sur les toits ou les terrasses. Il ne reste plus une place !

          


C’est avec tous ces souvenirs et ces belles rencontres en tête que nous allons repenser un nouvel itinéraire combinant le Cachemire et le Ladakh pour l’année prochaine.