26 juillet 2017 - Népal, Trekking

MÉMOIRES DU CHEMIN | Régulièrement, nous publions quelques courtes histoires ou anecdotes vécues par nos participants ou des voyageurs illustres. Nous rentrons dans l’esprit d’une rencontre ou d’un lieu. Qu'on le nomme Chomolungma (en tibétain), Sagarmāthā (en népalais) ou encore Mont Everest, la région de l'Everest fait toujours autant rêver ! Cet automne nous explorons à nouveau cette région avec des trekking de différents niveaux, du plus accessibles (Panorama sur l'Everest départ le 14 octobre ou Everest : objectif Kala Pattar départ le 28 octobre) au plus engagé (L'Everest par les Hauts Cols départ le 6 octobre). Pour les plus chevronnés l'ascension de l'Islande Peak sera la cerise sur le gâteau ! (Camp de base de l'Everest par les hauts cols et l'Island peak 6 189 m départ le 4 novembre) C'est l'occasion pour nous de publier ces mémoires du chemin dans lesquelles Serge Ducoin nous décrit son périple vers le camp de base de l'Everest en traversant les hauts cols.
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La conquête
Qu’ils sont loin les temps héroïques des premières tentatives d’accéder sur le point culminant de la planète. Il aura fallu plus d’un siècle pour que le pic « H » rebaptisé pic « XV », anticipé par George Everest puis découvert en 1849 par James Nicholson depuis le « Grand Triconometrical Survey of India  », ne fut « vaincu ».  A partir de 1950 l’invasion du Tibet par les Chinois rend impossible l’ascension par ce versant et c’est désormais par le Népal que les ténors de la grimpe vont essayer d’en découdre avec la Déesse des Vents. Quoiqu’un peu mieux équipés, le défit reste énorme et ce n’est qu’en Mai 1953 que le Sherpa Tenzing Norgay et le Néozélandais Edmond Hillary en viennent à bout.

 

 

Les sentiers de l'Everest
Au Népal l’intrigant réseau de sentiers et les porteurs ainsi que les caravanes de mules et de yaks qui l’empruntent jouent un rôle économique et social fondamental.  Malgré la ténuité et la discrétion de leur emprunte spatiale et la faiblesse des flux qu’ils engendrent, ces fourmis des hautes altitudes tressent une relation essentielle entre les humains.  Ils ont de tous temps traversé les hauts cols et ont aussi contribué aux échanges civilisationnels entre hindouistes et  bouddhistes. Que ce soit pour commercer, envahir ou accomplir les pèlerinages, les porteurs, transparents et anonymes, ont toujours été sollicités.

 

 

De Namche Bazar au monastère de Thame
Namche Bazar dont on aperçoit les toits bleus et verts après une rude grimpette qui nous hisse à 3 400 m d’altitude, est justement un de ces carrefours commerciaux  comme son nom le laisse deviner.  Nous poursuivons toujours plein nord tandis que le sentier s’élève toujours davantage nous laissant voir en premier plan quelques faisans dorés et en toile de fond, mais étonnement si proche, le Mont Everest en personne et son copain de toujours le Lhotse.  Nous obliquons  Nord-Ouest jusqu’à Thame. Les arbres se raréfient laissant de plus en plus place à des pâturages où quelques dzo mâchonnent, indifférents à notre passage. L’intérêt de monter jusqu’au monastère est double : le panorama alentour et le monastère lui-même, plaqué contre une paroi à 3 900 mètre.

 

 

Renjo-la, Lac Gokyo et Cho-la
Une autre et nouvelle belle journée ensoleillée s’amorce tandis que nous commençons l’ascension du premier col le Renjo-la, une longue montée de plus de 1 000 mètre, un test assurément pour l’acclimatation.  La vue enfin des lungtas virevoltant sur fond de ciel azur sont la promesse d’une arrivée proche du col. La récompense est là en effet lorsque dans les derniers mètres les silhouettes magistrales de l’Everest, du Lhotse du Nutse et même du Makalu tout au fond pointent leur cime pour enfin se déployer dans toutes leurs splendeurs. Il est des moments de bonheur que les mots ne parviendront jamais à circonscrire ni à atteindre….   Pour clore cette belle journée nous avons droit à une superbe chorégraphie avec le vent déchirant savamment les nuages au-dessus des eaux glacées du lac Gokyo. Nous laissons Gokyo et, passé le second lac éponyme, nous franchissons la langue terminale du glacier du Ngozumpa avant d’aborder la longue montée du col Cho la dans un paysage chaotique d’éboulis. Montés plus vite que nous, malgré un départ matinal, les nuages nous enveloppent au sommet du Cho la (5 420 mètre).

 

 

Le Kallapatar
Le cœur cogne fort dans sa cage thoracique lorsque nous arrivons  sur le méplat de Gorakshep à 5 140 mètres et que nous nous accordons une bonne pause avant la dernière ascension jusqu’au belvédère du Kala Pattar (Roche noire en népalais) point culminant de la rando à 5 550 mètres. De là la vue est à couper le souffle. Devant nous, là tout près, à peine à 2 km à vol d’oiseau, l’énorme cône du Pumori et en arrière plan la présence massive, sombre et rocheuse de la face sud-ouest de l’Everest flanqué du Nutse et du Lotse. Plus à l’ouest là-bas, la belle dent de l’Ama Dablam. En contre-bas l’immense glacier de Khumbu étire sa langue grise.  Le spectacle est à la hauteur de ces géants.

 

 

Le descente le long de l'Imja Khola
Les jours qui suivent,  Pheriche, Dingboche (« che »accolé à de nombreux villages signifie frère au sens monastique du terme) défilent alors, gonflés que nous sommes de globules rouges et de cette douce ivresse scandée par chacun de nos pas. Désormais les sommets du Kang Taîga et du Tamserku, si longtemps dans notre dos, nous font face.  C’est la rivière Imja Khola qui de jour comme de nuit assurera la bande son.  Avant d’atteindre Tengboche nous passons sous les jupes de l’Ama Dablam. Jamais montagne ne fut si agréable à contempler. La gompa (monastère) de Tengboche est la plus importante du Solu khumbu.

 

 

Namaste Everest
Le sentier continue de descendre sous nos pas et nous retrouvons chaleur et végétation, laquelle nous parait presque luxuriante après l’univers minérale des hauteurs.  La Imja khola, de plus en plus fougueuse semble nous accompagner tout le long.  Dans la raide descente qui va de Namche Bazar à Phading nous croisons des porteurs aux chargements si volumineux et lourds que nous avons mal pour eux. Bientôt Lukla nous apparait. Namaste Solo Khumbu !  Namaste Everest et tous ces sommets meringués ! Namaste terre de légende !

 

 

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