03 décembre 2013 - Culture

Extrait de la postface de Passion Désert, dernier livre de Philippe Frey, publié aux Éditions Arthaud

On se doute bien qu'après avoir arpenté tous les espaces désertiques de la planète, j'ai dû ressentir des sensations extraordinaires. Des joies. Des moments dramatiques. Des douleurs. De l'ascèse. Des manques. Pourtant, je ne m'en suis jamais blasé. Pour moi, le luxe n'est ni dans le confort, ni dans l'accumulation. Bien au contraire puisque les plus belles sensations, je les ai vécues justement lorsque je n'avais rien. Plus même parfois de nourriture, à vivre comme un animal.

Je me surprends encore de temps à autre à ne pas boire du tout durant toute une matinée caniculaire de six heures de marche en plein Sahara. Juste pour éprouver à nouveau ces sensations extrêmes… et exquises.  Pour me sentir vivre et vibrer plus intensément. Je suis étonné qu'avec le temps, mes jambes me soutiennent encore mieux que par le passé. Car j'en ai l' « habitude ». Et tous les médecins du sport vous attesteront que l'endurance s'acquiert avec le temps et l'âge. Bien sûr, mais à condition qu'on ne se laisse pas aller à ne rien faire. Les dunes que j'avais gravies me paraissent même moins hautes que dans mon souvenir.

Mais surtout, surtout, c'est l'âme qu'il ne faut cesser de forger. Lorsque je débarquais pour la première fois en Afrique... ou que je foulais les premiers sables du Sahara... j'étais surpris de mes nouvelles sensations. Mais je n’étais qu’un enfant.
La nature n'y est ni douce ni cruelle. Certains acacias de désert peuvent produire des tanins qui entraveront la digestion des herbivores qui les broutent. Car ces substances détruiront la flore microbienne des animaux qui peuvent mourir le ventre plein. C'est donc tout un éco-système qui a le mérite de fonctionner là où on s'attend à ne trouver... plus rien!

Les plantes de milieu aride dépendent elles aussi de la pollinisation des insectes. Eh oui, il existe des myriades d'insectes dans le désert, mais ils sont pour la plupart nocturnes ! Les plantes survivent. Puis les animaux et les insectes. Et enfin l'homme qui ne fait que dépendre de cette fragile chaîne de vie. Au début, je ne connaissais rien de la réelle survie. Celle de la faune et de la flore! C’est toute une harmonie des contraires qui s’articule comme un ballet étourdissant. Le monde du désert fonctionne. Il est en équilibre. Peut-être encore plus que dans un monde tempéré où des plantes grasses affluent et ne servent à rien. Lorsqu’on a saisi une toute petite partie de ce fonctionnement, on se dit que non seulement la nature est intelligente. Mais on se sent moins bête d’avoir compris une partie du mécanisme. Le désert est une symphonie où les silences sont bien plus importants que les sons !

Les populations -de même- me paraissaient farouches et rebelles. Mais je les voyais à travers un prisme qui était la marque de mon éducation. Aujourd'hui, je suis plus apte à apprécier un regard, un geste amical ou au contraire une différence culturelle qui me blesse. Les nomades que vous croisez ne sont pas là pour satisfaire votre ego ou répondre à l'attente que vous avez d'eux. Ils « sont » là et vivent leur vie chez eux. Sur leur territoire. Vous ne serez de toute manière qu'un fragile témoin de leur vie qui, par définition, ne fera que passer. Même si mes meilleurs amis sont probablement parmi ces hommes éparpillés aux quatre coins des déserts de la planète.

Du coup, je me sens non seulement citoyen du monde. Car il existe des déserts sur tous les continents. Mais capable de vivre quasi nu dans les pires endroits de la terre. J'ai réussi à vaincre les peurs primales que constituent les zones les plus déshéritées ou les populations les plus éloignées.
 

"Passion désert" chez Arthaud. Si vous souhaitez commander le livre, contactez-nous.

 

Philippe accompagne en 2014 et 2015 quatre voyages avec TAMERA et EXPEDITIONS UNLIMITED :

  • Caravane de sel de Djibouti en janvier 2014
  • Traversée du Tibesti d'Est en Ouest en février 2014
  • Aux confins du fleuve Omo en Éthiopie en mars 2014
  • Traversée du Kumtag en Chine en mai 2015

Pour en savoir plus sur ces voyages, contactez-nous.

 

PHILIPPE A ÉGALEMENT CO-PRODUIT DEUX FILMS EN 2013

En 2013, Philippe est parti au Tchad et en Éthiopie, accompagné de Muammer YILMAZ à la caméra, pour immortaliser quelques formidables images dans l'ennedi et tout particulièrement dans la vallée de l'Omo.

Nous vous invitons à en visionner les "bandes-annonces" et à nous contacter si vous souhaitez commander ces films à VIP PROD, la maison de production. Nous ferons passer votre demande.

Film sur l'Ennedi au Tchad

Film sur l'Omo en Éthiopie